L’armée française restera au Tchad, affirme Jean-Marie Bockel, envoyé spécial d’Emmanuel Macron en Afrique

« Le président m’a demandé de travailler » avec N’Djamena « à une adaptation, à une évolution de notre dispositif de manière à mieux l’adapter (…) aux enjeux militaires, sécuritaires de la région », a déclaré M. Bockel.

L’armée française restera au Tchad, a affirmé, jeudi 7 mars, à N’Djamena l’envoyé d’Emmanuel Macron pour l’Afrique, faisant part au passage de « l’admiration » de la France au président et chef de la junte au pouvoir depuis trois ans, le général Mahamat Idriss Déby Itno, pour son processus de transition.

« Ce n’est pas seulement la question du nombre, il faut rester et bien sûr nous resterons », a déclaré, devant la presse présidentielle seule conviée, Jean-Marie Bockel, « envoyé personnel » du président français, chargé de discuter des nouvelles formes de la présence militaire française sur le continent, que Paris compte nettement réduire.

Il y a actuellement un millier de militaires français au Tchad. Après une série de coups d’Etat au Mali, au Burkina Faso puis au Niger, les juntes militaires ont poussé dehors l’armée française, marquant la fin d’une décennie d’intervention antidjihadiste au Sahel.

Une intervention à deux mois de l’élection présidentielle

« Le président [Emmanuel] Macron m’a demandé de travailler » avec N’Djamena « à une adaptation, à une évolution de notre dispositif de manière à mieux l’adapter (…) aux enjeux militaires, sécuritaires de la région », a poursuivi M. Bockel après un entretien avec le général Déby. Ce dernier avait été proclamé, à la tête d’une junte de quinze généraux, président de transition le 20 avril 2021 à la mort de son père, Idriss Déby Itno, qui dirigeait le Tchad d’une main de fer depuis trente ans.

Cette déclaration intervient à deux mois d’une élection présidentielle pour laquelle le candidat Déby, âgé de 39 ans, part largement gagnant en l’absence de rivaux sérieux dans une opposition qui s’est soit ralliée à la junte, soit est violemment réprimée, selon les ONG internationales de défense des droits humains. Mais aussi huit jours après la mort, dans un assaut de l’armée contre le siège de son parti, du principal rival politique, et cousin de Mahamat Idriss Déby, Yaya Dillo Djérou.

Son parti accuse les militaires, photos à l’appui, de l’avoir « exécuté » d’une balle dans la tête à bout portant et le reste de l’opposition de l’avoir « assassiné » pour l’écarter de la course à la présidence, ce que nie le pouvoir, qui l’accusait notamment d’avoir mené une attaque contre les puissants services de renseignements.

« Les circonstances du meurtre de Yaya Dillo ne sont pas claires, mais sa mort violente illustre les dangers auxquels font face les politiciens de l’opposition au Tchad, en particulier à l’approche d’élections », écrivait, vendredi, Human Rights Watch, qui, comme d’autres ONG internationales, dénonce régulièrement la répression de toute opposition ou dissidence.