Angola, Congo-B. puis RDC: la journée marathon en Afrique centrale d’Emmanuel Macron

Angola, Congo-B. puis RDC: la journée marathon en Afrique centrale d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron, qui effectue une tournée en Afrique centrale du 1er au 5 mars 2023, se trouve dans trois pays de la région en l’espace de 24 heures, ce vendredi 3 mars: l’Angola, le Congo-Brazzaville puis la RDC, après le Gabon jeudi.

Suite de la tournée africaine du président français Emmanuel Macron. Après deux jours au Gabon, où il a surtout été question d’environnement, avec un sommet sur la protection des forêts tropicales, le chef de l’État français est arrivé jeudi 2 mars à Luanda, en Angola. Une visite qui aurait dû avoir lieu il y a trois ans, mais qui a été repoussée plusieurs fois en raison de la crise sanitaire.

Ce voyage s’inscrit dans la volonté de la France de renforcer les liens avec de nouveaux partenaires sur le continent, rappelle notre envoyée spéciale à Luanda,Paulina Zidi. Une visite où l’économie a occupé une partie de la matinée avec un forum consacré essentiellement à l’agriculture. En effet, l’Angola souhaite diversifier son économie, aujourd’hui totalement dépendante du secteur pétrolier et surtout garantir sa sécurité alimentaire dans un pays qui importe beaucoup. La France s’est donc engagée dans le secteur agricole avec notamment une aide de l’Agence française au développement (AFD) de 200 millions d’euros pour un programme de résilience climatique.

Les deux présidents, João Lourenço et Emmanuel Macron, se sont ensuite rencontrés pendant une petite heure pour aborder des sujets politiques et diplomatiques, et notamment la crise dans l’est de la RDC.

À Libreville, une rencontre Macron-Touadéra, en présence d’Ali Bongo

En marge de cette tournée en Afrique centrale, le président français a aussi rencontré le 2 mars 2023 au Gabon son homologue centrafricain, Faustin Archange Touadéra, en présence du président gabonais. Une information révélée par l’hebdomadaire Jeune Afrique et confirmée à RFI par une source proche de l’Élysée et une autre haut placée à Libreville. C’est au palais présidentiel à Libreville que les deux chefs d’État se sont rencontrés, en présence d’Ali Bongo. Un entretien bref. En revanche, rien n’a encore filtré sur la teneur des discussions entre Faustin Archange Touadéra et Emmanuel Macron.

Étape express et complexe à Brazzaville

Emmanuel Macron a ensuite poursuivi son marathon avec deux autres pays au programme. Après l’Angola, direction le Congo-Brazzaville pour une visite de quelques heures. Cette étape était peut-être celle où l’Élysée aurait le plus de mal à jouer la carte du « nouveau logiciel » dont parlait le président Macron le 27 février dans son discours avant cette tournée africaine. Le pays n’a en effet pas connu d’alternance démocratique depuis 1992, avec à sa tête l’un des plus anciens présidents africains encore en exercice.

Nous attendons du président Emmanuel Macron qu’il rappelle qu’il est insupportable de voir des détenus d’opinion en prison. Je rappelle que tous les deux, Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa, ont été condamnés avec des procès totalement farces.

À Brazzaville, le président français ne devait passer que cinq heures, mais son programme a été quelque peu bouleversé après l’accueil en grandes pompes à l’aéroport par le président Denis Sassou-Nguesso et une partie du gouvernement. Les deux présidents ont ensuite pris la direction du palais présidentiel pour un entretien d’une bonne heure où ils ont abordé notamment les différentes crises qui secouent le continent, en particulier la Libye. Le président congolais est l’un des médiateurs dans cette crise, mais aussi l’est de la RDC. Et alors que ce n’était pas prévu dans le déroulé de la visite, ils ont fait une déclaration commune à la sortie de leur rendez-vous. Le président congolais a vivement encouragé son homologue à revenir plus longuement le voir lors d’un prochain déplacement. « On ne voulait pas que cette visite passe inaperçue », a confié un proche de la présidence congolaise.

Emmanuel Macron devait aussi y rencontrer la communauté française pour une intervention sous le signe de la mémoire, celle du rôle du Congo-Brazzaville lors de la Seconde Guerre mondiale.

Dormir au Congo… Kinshasa

Dans la soirée, le président français a décollé pour la dernière étape de cette tournée. Un vol assez court, juste le fleuve à traverser pour se rendre juste en face, à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC). Un saut de puce en avion pour dormir en RDC, on pourrait dire plutôt : pour ne pas dormir au Congo, relève notre envoyée spéciale Valérie Gas. Mais dans l’entourage du président Sassou N’Guesso, on essaie de ne pas se formaliser en affirmant : « comment peut-on dormir dans quatre pays en 48h ? » Une manière d’insister davantage sur la rapidité de ce déplacement.

À Kinshasa, Emmanuel Macron va donc conclure son déplacement avec plusieurs séquences – notamment culturelle –, dont un entretien avec Félix Tshisekedi. Un dossier épineux est sur la table des discussions : celui des violences dans l’est de la RDC par le mouvement rebelle M23, sur laquelle la position d’Emmanuel Macron est attendue.

Depuis l’offensive du M23 en mars 2022, près de 500 000 personnes ont été déplacées et la rébellion a conquis une partie de la province du Nord-Kivu. La France avait en septembre dernier essayé, sans succès, d’établir une médiation entre le président congolais et son homologue rwandais, que les experts des Nations unies, mais aussi chancelleries occidentales accusent de soutenir la rébellion. Une accusation reprise par la France en décembre dernier.

Mais c’est avec un discours plus ambigu que le président français arrive à Kinshasa. Lors de la présentation de sa nouvelle stratégie Afrique, le 27 février, s’il a rappelé son attachement à l’intégrité territoriale de la RDC, il ne s’est pas exprimé sur la responsabilité du Rwanda. « Nous estimons que la région a trouvé les solutions, le problème c’est qu’elles ne sont pas appliquées », estime-t-on à l’Élysée, qui annonce au passage que les ambassadeurs du Conseil de sécurité, dont celui de la France, doivent se rendre dans l’est du pays d’ici une dizaine de jours.