Guinée : le pari raté d’Ibrahima Kassory Fofana

Guinée : le pari raté d’Ibrahima Kassory Fofana

Derrière les barreaux depuis le 6 avril, l’ancien Premier ministre a mis in extremis la main sur la direction du parti d’Alpha Condé avant son incarcération. Mais à quel prix ?

En ce jour de fête, Ibrahima Kassory Fofana a fait un effort. En liberté ou derrière les barreaux, c’est toujours l’Aïd el-Fitr à Conakry. Alors l’ancien Premier ministre a revêtu son plus beau bazin et reçu ses visiteurs, le sourire aux lèvres. Surtout, ne pas perdre la face.

Cela fait tout juste deux semaines qu’il a rejoint sa cellule de la maison centrale de Coronthie aux côtés de trois autres anciens ministres d’Alpha Condé – Mohamed Diané auparavant à la Défense, Oyé Guilavogui à l’Environnement et Diakaria Koulibaly aux Hydrocarbures, ce dernier ayant depuis été libéré. Tous sont accusés de détournement de deniers publics, enrichissement illicite, corruption, blanchiment de capitaux et complicité. Le 19 mai, Kassory Fofana avait pourtant goûté l’espoir de pouvoir quitter la prison dont il était sorti pour quelques heures, avant d’être finalement ramené dans sa cellule.

La dernière demande de remise en liberté de ces caciques, datant du 31 mai, a également été rejetée par la cour d’appel de Conakry. « La chambre d’appel les a maintenus en détention au motif qu’il est trop tôt pour les relâcher et qu’il y avait un risque de dissimulation des preuves, précise l’un de leurs nombreux avocats. Ce qui est ridicule, car ils auraient eu toute la liberté de le faire depuis le 5 septembre [date du coup d’État qui a déposé Alpha Condé]. Elle a aussi mis en avant le risque d’échange entre les co-accusés, alors même qu’ils dorment dans la même cellule ! »

Les conseils de Kassory Fofana évoquent une « Guinée hors-la-loi » et dénoncent le non-respect des droits de leur client. « Depuis le 6 avril, rien ne se passe. Il n’a même pas été entendu sur le fond, s’insurge l’un d’entre eux. La phase d’enquête est terminée, mais le dossier est vide. »