Alain Nkontchou : « Ecobank se classe dans le trio de tête dans quinze pays africains »

Alain Nkontchou : « Ecobank se classe dans le trio de tête dans quinze pays africains »

Futur des activités de paiement et de la fintech, situation au Nigeria, rapport avec les régulateurs et les actionnaires… Rencontré lors d’un passage à Abidjan, le président d’Ecobank Transnational Incorporated (ETI) évoque pour JA tous les dossiers majeurs du groupe bancaire panafricain.

Grand connaisseur des marchés africains et entrepreneur multi-casquettes, Alain Nkontchou (58 ans) compte parmi les voix les plus importances et les plus écoutées de la finance africaine. À preuve : son intervention remarquée en 2020 lors du débat sur la suspension des paiements de la dette africaine, qu’il jugeait néfaste, ou plus récemment lors d’une interview croisée RFI/Jeune Afrique, durant laquelle il a évoqué autant les enjeux climatiques du continent que les sanctions de la Cedeao contre le Mali ainsi que la surprenante adoption du Bitcoin par les autorités centrafricaines.

Mais le financier camerounais est aussi le président du conseil d’administration du groupe panafricain Ecobank Transnational Incorporated (ETI), qui compte 33 filiales bancaires en Afrique et une à Paris, pour 1,8 milliard de dollars de revenus et 262 millions de dollars de résultat net part du groupe à la fin 2021. Pendant une demi-douzaine d’années, il a été au côté de son quasi-contemporain, le Nigérian Ade Ayeyemi, qui, depuis son arrivée à la direction générale en septembre 2015, a profondément restructuré la banque aux 32 millions de clients et aux 13 000 employés sur le continent. Alors que le mandat d’Ayeyemi (lequel est atteint par la limite d’âge, 60 ans) s’achève cette année, c’est à Alain Nkontchou qu’il incombe de superviser la recherche de la relève.

Pour Jeune Afrique, qui l’a rencontré à la fin de mai, à Abidjan, à l’issue de l’assemblée générale annuelle du groupe panafricain, il revient en détail sur les challenges auxquels la banque fait face (concurrence, coûts, risques…), mais aussi les opportunités qu’elle compte exploiter, notamment dans le domaine de la tech et des paiements.

Si vous êtes administrateur du groupe Ecobank depuis 2014, vous avec bouclé en décembre 2021 votre premier exercice complet en tant que président du conseil d’administration (PCA). Quelles sont les différences entre les deux postes ?

Le poste de PCA exige davantage de travail, d’implication dans les activités de la banque ainsi que dans l’exécution de la stratégie. Cela réclame des relations rapprochées avec le CEO et les autorités de tutelle.

Les douze derniers mois ont vu plusieurs banques internationales (BNP Paribas et Standard Chartered, par exemple) annoncer la réduction de leurs implantations en Afrique. Plusieurs autres acteurs étrangers avaient fait de même auparavant (Barclays, BPCE, Crédit agricole…). Quelle lecture faites-vous de ces départs ?

Ils sont justifiés par leur volonté de se recentrer sur leurs marchés domestiques. Après la crise de 2008, il y a eu redéfinition et réévaluation du coût du risque, du rapport entre le capital qui doit être mis de côté et les engagements. Pour ces établissements internationaux, les rendements sur capitaux déployés en Afrique sont plus faibles du fait de la pondération en risque (risk-weighted assets). Il faut noter également la compétition accrue avec les banques locales sur le segment de la banque des particuliers comme de la banque commerciale.