Guinée : Robert Sarah, prélat au verbe haut

« Dieu tout-puissant » (2/5). Le cardinal guinéen, conseiller du pape François, critique sans ambages la transition qui a cours dans son pays et l’attitude des militaires. À bientôt 77 ans, il n’a rien perdu de son franc-parler.

L’église Sainte-Rose-de-Lima est, dit-on, l’une des plus vieilles églises de Guinée. Le bâtiment en pierre fut construit par les pères spiritains au cours de la première moitié du XXe siècle dans le village d’Ourous, niché aux confins du pays, près de la frontière avec le Sénégal. Chaque année, aux alentours de Noël, le cardinal Robert Sarah revient dans cette zone montagneuse qui l’a vu naître, le 15 juin 1945. Le prince de l’Église quitte les ors et les honneurs du Vatican, où il a été créé cardinal par le pape Benoît XVI en 2010, pour retrouver la simplicité de son village, ce « lieu coupé du monde » où il a vécu une enfance heureuse.

Traditionnellement animiste, Ourous a été progressivement évangélisé par les missionnaires coloniaux. La cloche de l’église, c’est le père de Robert Sarah qui l’a lui-même transportée depuis Conakry, avec l’aide d’autres villageois, avant la naissance de celui qui pourrait un jour devenir le premier pape africain de l’Histoire.

La maison familiale est depuis longtemps occupée par des neveux. C’est donc dans un bâtiment appartenant à la paroisse que Robert Sarah réside lorsqu’il vient au village. Il a d’ailleurs fait lui-même rénover l’édifice. Son dernier séjour à Ourous, en décembre 2021, a cependant dû être écourté. Souffrant, le cardinal a dû repartir d’urgence à Conakry, à 500 km de là, pour y être hospitalisé. Mais, pour un homme de près de 77 ans, le trajet par la route est long et éreintant. Aussi a-t-il rejoint la capitale grâce à un hélicoptère affrété par la junte au pouvoir : l’un des avantages dûs à son influence en terre guinéenne.