« Le Tigré est revenu quarante ans en arrière » : comment la guerre en Ethiopie a mis la région à genoux

« Le Tigré est revenu quarante ans en arrière » : comment la guerre en Ethiopie a mis la région à genoux

L’armée fédérale et son alliée érythréenne ont multiplié les destructions et les pillages pour saper l’économie de la province, qui ne survit plus que grâce à l’aide alimentaire et à la contrebande.

C’est un symbole des ravages de la guerre civile sur l’économie du Tigré. Autrefois, l’entreprise Addis Pharmaceutical Factory, nichée dans les montagnes arides de la province du nord, produisait la majeure partie des médicaments destinés au marché éthiopien. Située à Adigrat, à une trentaine de kilomètres de la frontière érythréenne, l’imposante fabrique employait près d’un millier de travailleurs. Mais le 19 décembre 2020, un mois seulement après le déclenchement des hostilités opposant les autorités éthiopiennes aux rebelles tigréens, l’ancien fleuron national est parti en fumée.

« Ils l’ont détruite de telle sorte que tout soit inutilisable, irréparable », accuse Hayelom Kebede, l’ancien directeur de l’hôpital Ayder de Makalé, la capitale provinciale, qui pointe la responsabilité de l’armée érythréenne, alliée du premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed : « Ils ont volé les machines les plus importantes et ont volontairement cassé ce qu’ils ne pouvaient