SERGUEÏ LAVROV, CHEF DE LA DIPLOMATIE RUSSE: LA FRANCE ET L’UE GÉRENT L’AFRIQUE AVEC ‘‘UN ESPRIT COLONIAL’’

SERGUEÏ LAVROV, CHEF DE LA DIPLOMATIE RUSSE: LA FRANCE ET L’UE GÉRENT L’AFRIQUE AVEC ‘‘UN ESPRIT COLONIAL’’

LE CHEF DE LA DIPLOMATIE RUSSE,, A DÉNONCÉ LE VENDREDI 20 MAI LA «MENTALITÉ COLONIALE» ET L’INGÉRENCE DES OCCIDENTAUX AU MALI ET EN AFRIQUE. POUR LUI, LE RÈGLEMENT DES PROBLÈMES À INTERNE DOIT SE FAIRE PAR LES AFRICAINS.
Une délégation malienne conduite par le ministre Abdoulaye DIOP a bouclé ce vendredi une visite de 72 heures à Moscou. L’objectif de cette visite de travail s’inscrivait dans le cadre du renforcement de la coopération militaire entre le Mali et la Russie qui doit être élargie aux échanges économiques, dans les domaines des infrastructures, etc.

À cet effet, les deux parties ont eu une séance de travail en présence des chefs de la diplomatie russe et malienne à l’issue de laquelle, ils ont animé un point de presse.

« Nous sommes résolus à poursuivre nos coopérations entre nos deux pays sans aucune hésitation et quelques soit la conjoncture internationale », a d’emblée indiqué le ministre Sergueï Lavrov alors que la coopération entre les États est fortement décriée par certaines puissances qui seraient une menace pour leur intérêt.

Mieux au-delà de la coopération militaire, les deux parties souhaitent intensifier leur relation dans d’autres secteurs.

À cet effet, la Russie ambitionne l’augmentation du volume de ses échanges économiques avec le Mali qui a certes augmenté ces trois dernières années, mais ne correspond pas aux potentialités réelles.

«Nous sollicitons les entreprises russes à nous aider dans les domaines des infrastructures et de prendre en main le chemin de fer du Mali », a ajouté, de son côté, le ministre Abdoulaye DIOP.

Il a aussi salué la coopération militaire avec le Mali dont l’impact positif se manifeste avec le retour des réfugiés dans leur terroir et la montée en puissance des FAMa.

Outre ce pilier, le ministre des Affaires étrangères malien a indiqué la nécessité de développer les échanges économiques avec la Russie en les diversifiant.

Puis, a-t-il précisé, le Mali souhaite que la Russie accepte l’approvisionnement du Mali de certains produits (hydrocarbures et des produits de 1ere nécessité).

La Russie, avcate du Mali

En réponse à cette sollicitation, la Russie a assuré qu’elle allait continuer à livrer au Mali du blé, des engrais minéraux et des produits pétroliers.

Ces apports contribueraient à atténuer les conséquences de la guerre menée par la Russie en Ukraine et celles de l’embargo de la CEDEAO-UEMOA.

Pour le ministre russe, ces mesures imposées au Mali par la CEDEAO et l’UE aggravent la situation délicate du Mali.

« Ils savent de première main le terrorisme. On voit que ceux qui prononcent de telles sanctions ne sont pas informés de cette situation. Ces mesures ne contribuent pas à la résolution du problème qui se pose», a regretté le chef de la diplomatie russe.

La Russie, selon son ministre des Affaires étrangères, a affirmé que la présence des enclaves tenues par des différentes forces armées constitue une menace à l’intégrité du Mali et s’est engagée à prévenir le conseil de sécurité sur le mécontentement (de la France) face au désir des autorités maliennes de demander de l’aide à des forces de sécurité étrangères n’est rien d’autre qu’une récidive de mentalité coloniale…

«L’an dernier, j’étais à l’assemblée générale de l’ONU à New York au cours laquelle j’ai eu un entretien avec Jeans-Yves Le Drian, mais aussi M. Borel représentant de l’UE. Les deux m’avaient parlé sur un ton assez tendu, de leur préoccupation sur le fait que la Russie développe des relations avec l’Afrique et concrètement avec le Mali. Ils se sont exprimés sur un ton assez colonial. Ils disaient que l’Afrique c’est leur zone d’influence, c’est la zone d’intérêt de l’Union européenne. Évidemment je ne peux pas accepter de tels arguments, c’est du colonialisme à l’état pur, c’est du néocolonialisme. Ce sont ces vieilles habitudes qui ont mené l’Afrique à l’état pénible sur lequel elle était à cette époque-là. (…). Donc j’ai rejeté catégoriquement ces réclamations.

Nous sommes prêts à discuter avec nos amis français, mais à une condition qu’il soit basé sur le respect mutuel de tous les pays d’Afrique en l’occurrence par exemple le Mali a le droit de choisir ses propres partenaires comme il le veut sans que cela ne leur soit dicté. Or la France veut dicter au Mali avec qui il peut parler ou pas. C’est inadmissible et cela n’embellis pas la République française », a-t-il dénoncé.

Contrairement à la démarche des autorités françaises, selon le ministre Abdoulaye DIOP, la relation entre le Mali et la Russie est fondée sur des valeurs et des principes du respect de l’intégrité territoriale des pays, le respect de la souveraineté, le refus de l’ingérence extérieure, la nécessité pour les pays de prendre en main leur destin.

Abordant la guerre en Ukraine, le ministre DIOP a estimé que les mesures contre la Russie ne sont pas de nature à imposer une solution aux problèmes en rappelant l’exemple du Mali qui subit de plein fouet les conséquences des sanctions injustes et illégales.

A cet effet, le Mali ne saurait s’associer à des mesures pour sanctionner d’autre, a affirmé le chef de la diplomatie malienne. Et surtout, a-t-il soutenu, les sanctions ne constituent pas des solutions aux problèmes.

« Nous pensons qu’il faut travailler à régler nos problèmes par le dialogue, par des discussions politiques, mais aussi faire en sorte qu’aucun pays ne puisse être exclu du système régional ou sous régional alors qu’il doit se faire entendre. Les sanctions et l’exclusion ne constituent pas une solution, bien au contraire, elles affectent les plus pauvres», a-t-il déclaré.