À la Une: le Mali s’isole encore un peu plus

À la Une: le Mali s’isole encore un peu plus

Les autorités militaires maliennes ont décidé de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel, y compris la Force conjointe. Dans un communiqué relayé par la presse, notamment par le site Maliweb, la junte explique qu’elle quitte l’organisation en raison du refus des autres pays membres du G5 Sahel de lui accorder la présidence de l’organisation. « Le gouvernement de la République du Mali rejette fermement l’argument d’un Etat membre du G5 Sahel qui avance la situation politique interne nationale pour s’opposer à l’exercice par le Mali de la présidence du G5 Sahel », peut-on lire dans le communiqué des militaires.

En fait, précise le journal en ligne Malikilé, « Bamako considère que le fait pour le G5-Sahel de refuser de lui céder la présidence tournante de l’organisation, alors que son tour est arrivé depuis trois mois, est une ‘discrimination négative’ inacceptable qui repose sur une ‘politique de deux poids, deux mesures’ inspirées, pour être clair, sur les non-dits par la France qui manipule le Niger. »

Et Malikilé de s’interroger : « que sera le G5-Sahel sans le Mali géographiquement situé au centre de son périmètre d’intervention ? »

Extrémisme…

Les réactions dans la presse de la sous-région sont vives… « Mali : qui pour stopper la surenchère destructrice ? », s’exclame ainsi Ledjely en Guinée. « Point n’est besoin de s’attarder sur les raisons qui pourraient avoir conduit les autorités maliennes à prendre la décision visant à retirer le pays du G5 Sahel. Ces raisons tiennent en seul mot : l’extrémisme, déplore Ledjely. Une logique de radicalité à laquelle toutes les parties prenantes à la crise malienne recourent sans cesse. D’un côté, les autorités maliennes. De l’autre, la CEDEAO, l’UEMOA et la France. (…) Avec sa décision prise hier, le Mali vient de signifier que la perspective de l’implosion des instances sous-régionales n’est plus une vue de l’esprit. Aujourd’hui, c’est du G5 Sahel dont il est question. Mais demain, cela pourrait bien concerner la CEDEAO, l’UEMOA ou encore l’Union africaine. »

La carte du complot ?

Par ailleurs, et toujours concernant le Mali, une grande manifestation de soutien à l’armée a eu lieu vendredi à Bamako…

« Drapeaux maliens et russes, slogans contre la présence militaire française : des milliers de personnes étaient dans la rue vendredi pour soutenir les militaires maliens, pointe Jeune Afrique. Et s’élever contre l’hypothèse de poursuites par la Cour pénale internationale. » Pour l’heure, note le site panafricain, « la CPI n’a jamais annoncé avoir émis un quelconque mandat d’arrêt contre un responsable militaire malien. Mais le spectre de cette hypothèse domine désormais les discours. Pour un observateur des mouvements sociaux, il s’agit d’un ‘conditionnement de la foule par rapport à ce qui pourrait un jour arriver. Encore une fois, on joue la carte du complot’. »

Pour sa part, le site d’information Malijet, affirme que « l’objectif de cette manifestation était de soutenir les actions des FAMa contre les terroristes sur le terrain et de réaffirmer aux yeux du monde entier que l’armée malienne n’exécute que la mission du peuple souverain du Mali, contrairement à ce qu’on veut faire croire. »

Une liberté de la presse en recul

Des propos qui font écho aux communiqués des militaires. Il faut dire que la presse malienne est muselée depuis ces derniers mois. Il n’y a qu’une seule ligne, celle de la junte au pouvoir. D’ailleurs, le site d’information Mali Tribune note « une liberté de la presse en net recul : cette situation est sans précédent dans le pays, poursuit-il, et les journalistes sont désormais régulièrement convoqués et mis en garde par les hautes autorités du pays. (…) Les efforts de manipulation informationnelle des mercenaires Wagner ont porté leurs fruits en l’espace de quelques mois seulement, note encore Mali Tribune. Dans ce contexte, certains journalistes et blogueurs maliens tentent d’y répondre en se mobilisant. Certains d’entre eux ont ainsi donné naissance à l’Association des Blogueurs du Mali. Ces journalistes ont pris conscience du grand rôle qu’ils peuvent jouer dans le traitement et la diffusion équitable de l’information pour répondre aux aspirations du peuple. Une question se pose toutefois, conclut Mali Tribune : combien de temps cette initiative salutaire pourra-t-elle tenir avant d’être muselée par Wagner ? »