Tunisie: manifestation des journalistes contre le recul des libertés

Tunisie: manifestation des journalistes contre le recul des libertés

En Tunisie, des dizaines de journalistes ont manifesté jeudi 5 mai à Tunis à l’appel de leur syndicat et d’autres associations. Beaucoup dénoncent la régression de la liberté de la presse dans le pays, qui lui a valu un déclassement de 21 places dans le classement annuel de Reporters sans frontières sur l’état de la liberté de la presse et d’expression en 2022. La Tunisie occupe désormais la 94ᵉ place sur 180 pays.

« Les journalistes libres, l’État policier, c’est fini » : ce sont les slogans que criaient des journalistes devant leur syndicat jeudi, avant d’entamer une marche jusqu’à l’emblématique avenue Bourguiba.

Souhaib Khayati, directeur du bureau d’Afrique du Nord de Reporters sans frontières, explique leur colère : « On a toujours vanté la liberté de la presse et la liberté d’information en Tunisie comme un acquis et l’acquis le plus immédiat de la révolution tunisienne, mais en fait, depuis l’adoption des décrets lois 115 et 116, qui reconnaissaient aux journalistes tunisiens leur droit à informer et à exercer leur métier dans une relative indépendance et liberté d’action, il n’y a pas eu d’avancées. »

Arrestations, procès, convocations devant des tribunaux militaires et recrudescence de certaines pressions politiques… Khaoula Sliti, journaliste à la radio privée Shems FM raconte le quotidien de ses collègues :

« Sous le règne de la Troïka en 2011, nous étions pris dans la bipolarisation autour de la question religieuse. Maintenant, en tant que journaliste, on nous accuse de ne pas être suffisamment patriote si nous faisons preuve d’un esprit critique. C’est un vrai danger pour nous, car nous recevons des insultes au quotidien. »

Selon le président et porte-parole du syndicat des journalistes, Mahdi Jelassi, ce recul des libertés ne date pas du 25 juillet, date de la prise de pouvoir de Kaïs Saïed. Mais aujourd’hui, plus que jamais, les professionnels du secteur craignent un pourrissement de la situation à cause d’un manque de communication avec les autorités.