Maroc-France : entre Emmanuel Macron et Mohammed VI, cinq années de turbulences

Maroc-France : entre Emmanuel Macron et Mohammed VI, cinq années de turbulences

Autrefois chaleureuses, les relations entre les deux pays semblent avoir quelque peu tiédi au cours du mandat d’Emmanuel Macron. Qu’en est-il réellement ? Retour sur un quinquennat de hauts et de bas.

Le 14 juin 2017, un mois et demi après son élection, Emmanuel Macron réserve au Maroc, et non à l’Algérie comme cela est la coutume, sa première visite au Maghreb en tant que président, sur invitation du roi Mohammed VI. Le royaume est alors secoué par un mouvement de protestation localisé dans le Nord – le Hirak du Rif – depuis plusieurs mois.

Après un entretien entre le président et le souverain, puis un « ftour familial » (rupture du jeûne pendant le ramadan) à la résidence royale, Emmanuel Macron prononce devant la presse une courte allocution essentiellement consacrée au Hirak et exprime sa confiance dans la capacité du roi à « apaiser la situation, en apportant une réponse complète, une considération à cette région, et des réponses très concrètes en termes de politiques publiques. »

« La discussion que nous avons eue ne donne pas lieu de craindre une volonté de répression quelle qu’elle soit […]. J’ai trouvé le roi préoccupé par le sort de cette région qui lui est chère et où il a pour habitude de passer du temps, ce qui est d’ailleurs une pratique qu’il a inaugurée », poursuit le président français.

Plusieurs médias estiment alors que celui-ci s’est fait « le porte-voix de Mohammed VI », tout en prenant garde à ne pas porter de jugement sur un sujet de politique intérieure. La prise de contact entre les deux chefs d’État est unanimement reconnue comme étant « réussie ».

Partenaires… et concurrents

Moins de dix-huit mois plus tard, le 15 novembre 2018, Emmanuel Macron effectue sa deuxième visite au royaume afin d’inaugurer la Ligne à Grande Vitesse (LGV) Tanger-Casablanca, en présence du souverain. Une inauguration à la fois symbolique et stratégique pour les deux pays, puisqu’il s’agit du premier TGV en Afrique.

Toutes les conditions sont réunies pour mettre sur pied un binôme de choc

Un projet titanesque, financé à hauteur de 51 % par la France, lancé par Nicolas Sarkozy et Mohammed VI en 2007, et auquel les fleurons de l’industrie française ont participé (SNCF, Alstom, Vinci…). Du point de vue des acteurs politiques et économiques de part et d’autre de la Méditerranée, toutes les conditions sont réunies pour mettre sur pied un binôme de choc sur le continent, prêt à partir à l’assaut des marchés d’Afrique de l’Ouest.