Guinée : les étranges silences de Mamadi Doumbouya, par François Soudan

Guinée : les étranges silences de Mamadi Doumbouya, par François Soudan

Tant que le nouveau maître de Conakry n’aura pas dévoilé ses intentions, que la composition du comité militaire qui l’entoure restera opaque et que le calendrier de la transition jusqu’au retour des civils au pouvoir ne sera pas établi, la période d’apnée politique que traverse la Guinée se prolongera. Au risque de provoquer une asphyxie de la démocratie.

Ce que l’on sait de Mamadi Doumbouya, outre son physique avantageux de pilier de mêlée en battle-dress propre à séduire les couturières du marché Madina – un atout esthétique sur lequel avant lui jouèrent d’autres militaires médiagéniques comme Thomas Sankara ou Jerry Rawlings – tient en la partie émergée d’un iceberg. Jusqu’à preuve du contraire, le colonel putschiste du 5 septembre 2021 apparaît comme un homme honnête et de bonne volonté, désireux de nettoyer les écuries de la République tout en préservant les libertés et – ce qui ne gâche rien – plutôt humble. Un patriote aussi, que l’on dit habité par l’idée qu’il se fait de la Guinée, même s’il s’agit là d’une passion commune à tous les chefs d’État qui l’ont précédé, de Sékou Touré à Alpha Condé.

Le problème est que ce que l’on croit connaître de lui s’arrête là et que la partie immergée de l’iceberg Doumbouya demeure un mystère inexploré, sept mois après sa prise du pouvoir. Tout comme est quasi-illisible, pour l’instant, l’avenir politique de la Guinée.