« Ce camp est devenu un centre de torture » : au Mali, l’armée et Wagner accusés d’exactions sur des civils

« Ce camp est devenu un centre de torture » : au Mali, l’armée et Wagner accusés d’exactions sur des civils

Des paramilitaires de la société de sécurité privée russe se sont installés à partir de la fin janvier dans un camp de l’armée malienne situé dans le cercle de Niono, au centre du pays, selon les informations du « Monde ».

Une chaise, des câbles électriques, un simulacre d’exécution et à chaque acte de torture, la même question : « Où sont les terroristes ? » « Je ne sais pas », répète inlassablement le jeune éleveur peul aux soldats « blancs et noirs » qui l’ont, selon lui, détenu et torturé, en février 2022, dans un camp de l’armée malienne situé dans la circonscription administrative de Niono, au centre du pays. Selon son témoignage, récolté sur le terrain par un défenseur des droits de l’homme et auquel Le Monde a eu accès avant d’en recouper les détails auprès de sources internationales et locales, trois hommes se sont chargés de l’interrogatoire : un « homme blanc parlant une langue inconnue », ainsi qu’un militaire et un interprète maliens.

Le berger raconte comment l’étranger, vêtu du « même uniforme que les FAMa (les Forces armées maliennes) », l’a « forcé à boire beaucoup d’eau » avant que le soldat malien « attache un câble électrique autour des orteils » et fasse « passer le courant, plusieurs fois ». « J’ai perdu connaissance. Après, les trois hommes m’ont attaché les pieds et les mains et m’ont suspendu la tête en bas. Le soldat malien a aiguisé un couteau et m’a dit : “Nous allons te tuer.” » « Laisse cet homme-là, il n’a pas d’informations », aurait conseillé l’étranger aux Maliens, avant que la victime présumée soit relâchée.