Ethiopie : plus de 300 civils tués par des raids aériens en trois mois (ONU)

Ethiopie : plus de 300 civils tués par des raids aériens en trois mois (ONU)

Plus de 300 civils ont été tués depuis fin novembre dans une série de bombardements aériens dans le nord de l’Éthiopie, particulièrement dans la région du Tigré, a indiqué la cheffe des droits de l’homme de l’ONU, s’alarmant d’un nombre important de raids aériens menés par les forces aériennes éthiopiennes, principalement au Tigré mais aussi en Afar voisine.

« A la suite de ces multiples frappes aériennes, le Haut-Commissariat a enregistré 304 morts et 373 blessés à la suite de bombardements aériens au cours de la période considérée », a déclaré lundi en fin de journée, Michelle Bachelet, Haut-Commissaire aux droits de l’homme.

S’exprimant devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, Mme Bachelet a détaillé l’impact d’incidents distincts en décembre 2021, quand quelque 120 civils auraient été tués et 145 blessés dans la région éthiopienne du Tigré.

En janvier 2022, deux raids aériens menés au Tigré par les forces armées éthiopiennes ont frappé le camp de réfugiés de Mai-Aini et le site de Dedebit pour les personnes déplacées internes. Ces attaques ont tué 60 personnes et en ont blessé 169.

La cheffe des droits de l’homme a indiqué que la situation en termes de droits et de sécurité s’était « significativement détériorée » depuis la fin novembre, en grande partie en raison de l’extension du conflit au Tigré à d’autres parties du nord de l’Éthiopie.

Plus largement, les services de la Haut-Commissaire Bachelet ont « continué de recevoir des informations sur des violations graves et à grande échelle des droits humains dans le contexte de l’extension du conflit dans les régions de l’Afar et de l’Amhara, ainsi qu’au Tigré », a fait observer Mme Bachelet dans son allocution sur les développements dans le pays entre le 22 novembre et le 28 février derniers.

Les rebelles tigréens accusés de viols et de cibler les civils

Selon l’ONU, des attaques contre des civils et des cibles civiles ont été également perpétrées par d’autres parties au conflit, dont les rebelles tigréens du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF).

Ils ont utilisé de l’artillerie lourde contre plusieurs zones de l’Afar, le 24 janvier, a noté Mme Bachelet, ajoutant que « des sources crédibles indiquent qu’il y a eu des victimes civiles ».

« Bien que l’insécurité ait empêché la confirmation des chiffres exacts, les registres des hôpitaux indiquent que quelque 844 personnes ont été soignées pour des blessures, principalement causées par des explosifs et des armes lourdes », a-t-elle dit.

Par ailleurs, la cheffe des droits de l’homme de l’ONU s’est inquiétée des nombreuses informations faisant état de viols et violences sexuelles.

Entre le 1er novembre et le 5 décembre seulement, « 306 viols perpétrés par les forces tigréennes dans la région de l’Amhara » ont été rapportés au bureau des droits de l’ONU. La plupart des survivants signalés étaient des femmes, un petit nombre étaient des hommes, et la plupart des survivants n’ont reçu aucune forme de soutien.

Durant la période couverte par le rapport, le Haut-Commissariat a enregistré plus de 15.000 arrestations et détentions arbitraires en lien avec l’état d’urgence décrété par le Gouvernement, dont la plupart semblent toucher des citoyens ordinaires d’appartenance ethnique tigréenne, a ajouté Mme Bachelet.

Un récit qui ne correspond à la réalité, selon l’Ethiopie

Mme Bachelet a aussi fait état des « dégâts importants sur les écoles et les structures de santé dans les régions de l’Amhara et de l’Afar, après des actions des forces progouvernementales contre les forces tigréennes ».

« Les hostilités continuent de bloquer la fourniture d’aide humanitaire au Tigré », a-t-elle rappelé, exhortant « toutes les parties à permettre un accès humanitaire illimité aux zones touchées ».

Face à ce sombre tableau décrit par la Haut-Commissaire, l’Éthiopie a déclaré que le récit peu reluisant de la situation sur le terrain faite devant le Conseil des droits de l’homme ne correspondait pas à la réalité.

« L’Éthiopie a dû contrer des attaques terroristes sur son territoire », a déclaré l’Ambassadeur Mahlet Hailu Guadey, Chargé d’affaires de la République fédérale démocratique d’Ethiopie.

Addis Abeba reste préoccupé par l’indifférence de la communauté internationale s’agissant des meurtres contre les civils par les troupes rebelles.

Le gouvernement s’efforce de faire revenir le pays à la normale, avec notamment la levée de l’état d’urgence et la libération de nombreux prisonniers. La communauté internationale doit soutenir l’Éthiopie dans ses efforts de stabilisation, a insisté la délégation éthiopienne.