Corruption.Nigeria : le super-flic était un trafiquant de drogue

Corruption.Nigeria : le super-flic était un trafiquant de drogue

Haut gradé et décoré, Abba Kyari avait tout du parfait policier nigérian. Il est désormais accusé d’appartenir à un réseau international de trafiquants de drogue.

C’est un scandale qui secoue tout le Nigeria : un “super-flic”, réputé pour ses réussites dans la lutte antidrogue, a été arrêté pour son implication présumée dans un cartel de contrebande de cocaïne. Ce 22 février, Abba Kyari a été maintenu en détention provisoire après son arrestation le 14 février pour trafic de drogue, rapporte le Premium Times. Lui et quatre autres policiers sont accusés d’être impliqués dans un trafic portant sur 25 kilos de cocaïne.

Le site de CNN revient en détail sur cette affaire qui relance les accusations de corruption récurrentes contre la police nigériane.

Abba Kyari avait pourtant tout du héros national. Sous-commissaire de police, il était salué dans son pays comme le “flic le plus décoré” et avait même reçu, en 2016, la médaille du courage du président nigérian, Muhammadu Buhari.

Il a été suspendu de ses fonctions, ainsi que les quatre autres policiers, et doit répondre à des accusations d’“association de malfaiteurs, conduite déshonorante et contraire à l’éthique et non professionnelle, corruption officielle et falsification de pièces à conviction dans une affaire de trafic illicite de drogue impliquant un cartel transnational”, selon le communiqué de la police rapporté par CNN. Plus précisément, Abba Kyari est accusé d’être membre d’un cartel qui exploite le trafic de drogue entre le Brésil, l’Éthiopie et le Nigeria.
De sérieux antécédents

Ce n’est pas la première affaire à laquelle Abba Kyari est mêlé. En août 2021, la BBC Afrique rapportait que le “super-flic”, habitué à enquêter sur les plus grosses affaires criminelles et à fréquenter hommes politiques et célébrités, avait vu sa réputation ternie par ses liens supposés avec un influenceur et fraudeur d’Instagram, connu sous le nom de Ray Hushpuppi. Il avait été suspendu après l’ouverture par le FBI d’une procédure d’inculpation à son encontre, à la suite d’allégations selon lesquelles il aurait facilité la corruption de policiers nigérians par Ray Hushpuppi.

Pour The Sun, cette affaire met en lumière “la pénétration du crime au sein du gouvernement. Kyari et ses semblables ne font que suivre le mauvais exemple des politiciens nigérians qui usent de façon criminelle de leur position de pouvoir pour en tirer un profit personnel. Et ce, au détriment du bien-être et de la sécurité du peuple nigérian.”

Plus largement, ce serait aussi le symptôme d’une “apocalypse morale” qui, selon le quotidien, toucherait le pays à travers la multiplication des cas de “banditisme sur les autoroutes, dans les villages et les forêts” et les “épidémies de meurtres rituels parmi la jeune génération”, tout cela sur fond de quête effrénée d’une richesse matérielle rapide.