Bénin : MTN compte investir 170 millions de dollars en capex

Bénin : MTN compte investir 170 millions de dollars en capex

Arrivée d’un troisième opérateur sur le marché, vertus du plan « Bénin révélé », stratégie et ambitions du groupe panafricain… Uche Ofodile, directrice générale de MTN Bénin, a répondu aux questions de « Jeune Afrique ».

Directrice générale de MTN Bénin depuis août 2020, Uche Ofodile a accumulé, depuis plus de quinze ans, une longue expérience multi-pays dans le domaine des télécoms et du numérique en Afrique, occupant de haute fonctions managériales à Vodafone au Ghana, Tigo (Millicom) en RDC, et MTN au Liberia avant de s’installer à Cotonou. Pourtant, le Bénin est « mon pays préféré », assure la dirigeante nigériane, interrogée en marge de l’événement digital « Invest in Bénin » (Investir au Bénin), organisé par le Africa CEO Forum* le 17 février, et consacré aux « opportunités d’investissement qu’offre le pays dans le domaine des infrastructures, de l’agro-industrie, du numérique ou de l’énergie ».

Si MTN a connu dans la seconde moitié des années 2010 une trajectoire mouvementée à Cotonou entre les menaces d’amendes monumentales et celles d’une expulsion de son directeur général, les équipes du leader local de la téléphonie (7,4 millions d’abonnés contre 5 millions pour Moov Africa Bénin, filiale de Maroc Telecom) ne tarissent pas d’éloge, aujourd’hui, sur l’environnement économique au Bénin. « Il y a une forte opportunité de croissance ici. Notre industrie a connu une progression à deux chiffres l’année dernière. Et la croissance du PIB est attendue à 6,5% en 2022 », rappelle Uche Ofodile. Surtout, insiste la dirigeante passée par Facebook à Londres, la stratégie « Bénin révélé » lancée en 2016 par le gouvernement du président Patrice Talon est « bonne pour le business ». « Vous voyez ce plan en action, dans chaque partie du pays, dans les infrastructures, l’éducation, le tourisme, le capital humain », détaille la DG de MTN Bénin.

Avantages de la connexion

Dans le domaine du numérique, Uche Ofodile pointe notamment le « push » en faveur de la digitalisation, qui touche « chaque aspect des interactions avec le gouvernement », ce qui a « poussé la population à se connecter ». À la fin septembre 2021, la consommation de données mobiles avait augmenté de +50,7% sur un an au Bénin. Tandis que le taux de pénétration du mobile a bondi de onze points et dépasse désormais 99% de la population. Un taux moyen, au niveau national, qui dans un environnement où nombre d’usagers en zone urbaine ont de multiples cartes SIM, voile une large marge de progression en zone rurale. Un « fossé » habituel dans nombre de pays africains que les autorités béninoises refusent et souhaitent combler. Une ambition à laquelle MTN Bénin indique adhérer. « Nous pensons, à MTN, que tout le monde mérite d’accéder aux avantages de la connexion, de l’inclusion financière numérique, de l’autonomisation des jeunes et des femmes. Nous voyons une concordance entre l’agenda du gouvernement et celui de MTN. Et cela a été très important du point de vue du renforcement de la confiance », explique Uche Ofodile.

Lors de sa visite, à la mi-février au Bénin, le directeur général du groupe MTN Ralph Mupita a indiqué que l’opérateur comptait consacrer 170 millions de dollars aux « dépenses d’investissement de capital » (Capex) au Bénin au cours des trois années à venir. « La technologie mise en oeuvre peut être différente selon les zones, avec un réseau 3G dans tel endroit plutôt que la 4G, par exemple, mais l’objectif est d’installer un accès à la technologie mobile et numérique, de trouver la bonne technologie pour chaque zone ».

Au dernier trimestre 2020, le revenu moyen par usager (ARPU) de MTN était de 5,78 dollars par mois au Bénin, l’un des plus élevés du groupe, le deuxième des filiales en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale derrière le Congo-Brazzaville (6,2) et devant la Côte d’Ivoire (3,66) et le Cameroun (3,42). Les revenus de MTN Bénin reportés par le groupe basé en Afrique du Sud ont atteint 5,9 milliards de rands en 2020 (environ 327 millions d’euros), contre 4,5 milliards de rands en 2019.

Des conditions équitables

Interrogée sur l’arrivée imminente – attendue au deuxième trimestre 2022 – sur le marché de la téléphonie mobile de la SBIN, l’opérateur historique de téléphone fixe du pays accompagné sur ce nouveau créneau par Sonatel, poids lourds ouest-africain de l’opérateur français Orange, la directrice de MTN Bénin se dit confiante. « La concurrence est une bonne chose, ce qui est important pour nous, c’est de continuer à opérer dans un environnement équitable », explique Uche Ofodile.

L’opérateur, ainsi que son concurrent Moov, ont été invités – ou « sommés », c’est selon – d’ouvrir leurs infrastructures au nouveau venu, dans le cadre d’un accord d’itinérance nationale. « Nous croyons fermement au partage de la valeur créée. Les consommateurs doivent aussi y gagner, et le gouvernement également », complète-t-elle. « Nous ne nous opposons pas à la discussion sur l’itinérance nationale, sur le partage de réseau. MTN ne peut pas couvrir chaque pouce du pays. Tant que la concurrence est loyale, nous y sommes favorables. Nous devons juste nous assurer que les conditions commerciales sont équitables pour tout le monde », conclut la directrice de MTN Bénin.