En RDC, 5000 militaires dans les rues pour faire comprendre qu’il n’y a pas de coup d’État

En RDC, 5000 militaires dans les rues pour faire comprendre qu’il n’y a pas de coup d’État

Les habitants de Kinshasa se sont réveillés dès 5 heures du matin avec une démonstration de force dans les rues de la capitale de la République démocratique du Congo ce samedi. Quelque 5000 hommes et femmes en uniforme militaire y défilaient. Ce sont les troupes de combat de la Garde républicaine.

Si cette marche est décrite comme un exercice “d’endurance” pédestre de routine qui a pour objectif de renforcer la condition physique, les habitants, eux, ne semblent pas y être habitués. “À mon avis, c’est un exercice qui devrait être fait chaque week-end. Cela prouve la présence de la Garde républicaine dans le pays”, s’exprime José Morola, une habitante travaillant à l’église de Cité Béthel.

Mais pourquoi la Garde républicaine du président, Félix Tshisekedi, devrait-elle prouver sa présence ? Officiellement, aucun lien n’est fait avec l’arrestation de François Beya la semaine dernière. Et pourtant, cette unité d’élite des FARDC, chargée de protéger le chef de l’Etat et les institutions du pays, affirme bien sa loyauté envers la présidence en défilant ainsi dans les rues de la capitale.

La RDC est-elle passée à côté d’un coup d’État ?

Pour comprendre, remontons une semaine plus tôt. François Beya est arrêté. Il s’agit du conseiller à la sécurité de la présidence en République démocratique du Congo. Un poste proche du président et d’autant plus important qu’il doit en assurer la sécurité.

Le problème, c’est que la faille dans la sécurité pourrait être incarnée par François Beya lui-même. C’est en tout cas ce que pense la présidence. “Dans l’état actuel des choses, on peut affirmer que les enquêteurs disposent d’indices sérieux attestant d’agissements contre la sécurité nationale”, affirmait samedi dernier le porte-parole de Félix Tshisekedi.

La République démocratique du Congo serait-elle passée à côté d’un coup d’État ? “Aucune tentative de déstabilisation de nos institutions démocratiques ne sera tolérée”, a en tout cas assuré la présidence.

Des manifestants se sont d’ailleurs réunis dimanche dernier boulevard Lumumba à Kinshasa pour dire non à toute tentative de coup d’État, rapporte la presse locale.

Pas de communication depuis son arrestation

Concernant François Beya, aucun détail n’a été communiqué depuis son arrestation, mais il serait toujours sous la garde de l’Agence nationale de renseignement (ANR).

“Il s’agit d’une affaire relevant de la sûreté de l’État”, commentait le porte-parole de la présidence samedi dernier, “une matière de la compétence exclusive de l’ANR”. “Il n’est pas dans les habitudes de ce service de communiquer sur ses activités”, a-t-il souligné pour expliquer ce silence.

Pour rappel, Félix Tshisekedi, le fils de la défunte icône politique de l’opposition congolaise Étienne Tshisekedi, a remporté l’élection présidentielle en décembre 2018 après que le président, Joseph Kabila, ne se soit pas présenté pour un troisième mandat.

Il s’agissait du premier transfert de pouvoir pacifique et démocratique du Congo depuis son indépendance de la Belgique en 1960.

Le parti de Kabila, cependant, est resté influent avec une majorité au parlement, de sorte qu’un gouvernement de coalition a été formé. Cependant, Tshisekedi a dissous cette alliance deux ans plus tard dans une impasse politique et a rassemblé suffisamment de soutien pour mettre le parti de Kabila sur la touche.

Tshisekedi a nommé un nouveau Premier ministre en février dernier après qu’un allié de Kabila qui occupait le poste ait démissionné lorsque les législateurs ont voté à une écrasante majorité pour son éviction.