Tunisie: en s’attaquant à la justice, Kaïs Saïed démonte le dernier contre-pouvoir

Tunisie: en s’attaquant à la justice, Kaïs Saïed démonte le dernier contre-pouvoir

Le président tunisien maintient sa décision de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature. Une décision qu’il avait annoncée ce week-end et qu’il réaffirme aujourd’hui à la sortie du Conseil des ministres. Selon les observateurs, Kaïs Saïed démonte un nouveau contre-pouvoir en Tunisie.

Six mois après son coup de force constitutionnel, le président s’attaque au dernier contre-pouvoir qui lui échappait : celui de la justice. Depuis le 25 juillet, selon certains observateurs, il débranche, une à une, les instances qui l’empêchent de gouverner seul.

Cet été, Kaïs Saïed a commencé par démettre le Premier ministre et geler les activités du Parlement, qu’il jugeait paralysé par des querelles politiques. Il ferme ensuite l’instance de lutte contre la corruption et en septembre, il change la loi pour pouvoir gouverner par décret.

Cette fois, c’est d’ailleurs par un décret que le président tunisien affirme la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature. Un Conseil qu’il souhaite remplacer par une nouvelle instance dont les contours seront dessinés par le président lui-même.

« C’était le dernier carré de résistance institutionnel », confie Khadija Mohsen, politologue et chercheuse spécialiste du Maghreb. Mais elle n’est pas étonnée. Selon elle, Kaïs Saïed ne fait que mettre à exécution son programme de campagne présidentielle. Il avait annoncé sa volonté d’éradiquer toutes les couches intermédiaires entre le peuple et ses représentants. Son représentant ultime étant le président de la République.

Nous sommes là par fidélité aux générations précédentes qui ont combattu pendant vingt, vingt cinq ans pour que ce projet de Conseil Supérieur de la Magistrature puisse voir le jour. Nous sommes aussi là par fidélité pour ceux qui sont morts pendant la révolution pour que le citoyen tunisien soit pleinement libre.