Guinée-Bissau: calme en surface après l’attaque, rien n’est vraiment réglé

Guinée-Bissau: calme en surface après l’attaque, rien n’est vraiment réglé

Près d’une semaine après l’attaque du palais du gouvernement, le mardi 1er février, des questions restent en suspens : qui étaient les assaillants ? Quelles étaient leurs motivations ? Les autorités ont dénoncé une tentative de coup d’État perpétrée par des « individus liés au narcotrafic » et des « mercenaires, rebelles de Casamance ». La vie a rapidement repris son cours normal à Bissau. Mais la page n’est pas tournée pour autant.

« C’est comme si rien ne s’était passé », assure une habitante de Bissau, tout en faisant ses courses au marché, très animé. Pourtant, « les problèmes sont devant nous », affirme un acteur politique, qui pointe les « mauvaises relations » entre le président Umaro Sissoco Embalo et son Premier ministre Nuno Nabiam, ces derniers mois.

Parmi les points de tensions : l’atterrissage fin octobre d’un avion A340 avec l’autorisation du chef de l’État. Le Premier ministre avait dans un premier temps demander des explications sur la cargaison, « suspecte » selon lui. Un projet d’accord avec le Sénégal voisin sur les ressources pétrolières, puis un remaniement ministériel décidé par le président fin janvier ont également provoqué des frictions. « Le ver était dans le fruit dès le départ », et « les deux hommes sont arrivés à un point de non-retour », le duo « ne pourra pas durer », estime notre interlocuteur.

L’armée « pas prête à lâcher sa part du gâteau »

La Cédéao a annoncé l’envoi d’une nouvelle force de stabilisation, sans précision à ce stade sur un calendrier ni son effectif. C’est pourtant Umaro Sissoco Embalo lui-même qui avait demandé le départ de l’Ecomib, fin 2020. « Dans un contexte de méfiance entre politiques et militaires, l’armée va-t-elle accepter l’arrivée de soldats étrangers ? », s’interroge une responsable de la société civile qui se dit « inquiète de la suite des évènements ». L’analyste Rui Landim, très critique envers le pouvoir, dénonce pour sa part un « prétexte », et « une tentative d’ingérence du Sénégal » voisin.

Si « le président peut compter sur son réseau à l’international, notamment avec ses homologues sénégalais Macky Sall et nigérian Muhammadu Buhari, conclut un observateur de la vie politique, c’est l’armée, même divisée en groupes d’intérêts, qui légitime de fait le pouvoir, et elle n’est pas prête à lâcher sa part du gâteau ».