RDC : des affrontements entre l’armée et le M23

Une nouvelle attaque attribuée au mouvement rebelle M23 a visé cette semaine une position de l’armée près du parc national des Virunga au Nord-Kivu.

Vingt-neuf militaires auraient perdu la vie au cours de ces combats, précise la société civile. Le M23 est une ancienne rébellion de Congolais tutsi soutenue par le Rwanda et l’Ouganda, qui avait été défaite en 2013.

Cette attaque soulève aujourd’hui la question de l’implication des pays voisins de la RDC, comme le rappelle Juvenal Munubo, député national congolais et membre de la commission Défense et sécurité de l’Assemblée nationale. “Cela nous pousse surtout à nous interroger sur le rôle des pays voisins. On sait que les animateurs de la branche militaire et de la branche politique de ce mouvement se sont réfugiés au Rwanda et en Ouganda”, confie le député congolais à la DW.

“On sait aussi que Kinshasa maintient actuellement de bonnes relations avec ces pays. Mais on doit quand même se dire la vérité et savoir ce qui peut encore renforcer ce mouvement et si, à partir de leurs bases arrières dans ces pays, ils n’ont pas eu un renforcement quelconque. Il faut s’interroger sur la responsabilité de ces pays qui sont tous signataires du pacte de Nairobi sur la Conférence internationale de la région des Grands Lacs, et d’un certain nombre d’instruments juridiques de paix comme l’Accord cadre d’Addis Abeba de 2013”, souligne M. Munubo.

Etat de siège mise à rudes épreuves

La paix durable semble actuellement impossible dans cette région qui a été placée en état de siège afin de neutraliser les groupes armés qui sévissent dans la région depuis plus de 25 ans.

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Pour Jean Claude Mbabaze, président de la coordination territoriale de la société civile de Rutshuru au Nord Kivu il faut d’abord une volonté des autorités politiques et militaires afin d’éradiquer ces groupes armés.

“Pour nous, en territoire de Rutshuru, l’état de siège n’a rien modifié parce que jusqu’à présent les groupes armés ne sont pas inquiétés, d’autant plus qu’il n’y a pas vraiment d’opération de traque de ces groupes armés. Et cela amène la population à avoir des doutes. Elle se demande si réellement l’état de siège connaît bien sa mission ?”, interroge ce membre de la société civile.
M23, le retour en force ?

Après leur défaite en 2013, les combattants du mouvement du 23 mars ont été recueillis dans des camps de réfugiés et beaucoup parmi eux estiment que la RDC n’a pas respecté ses obligations, notamment en termes de rapatriement ou encore de réinsertion, comme le rappelle Pierre Boisselet, coordinateur du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST).

A partir de 2017, on a vu certains de ces combattants et notamment leur ancien leader, Sultani Makenga, retourner en RDC et s’installer sur les contreforts du mont Mikeno, situé à la frontière avec le Rwanda et non loin de celle avec l’Ouganda.

“A partir du mois de novembre de l’année dernière, on a assisté à une vraie résurgence de ce mouvement, ils ont attaqué des positions de l’armée congolaise et de l’Institut congolais de conservation de la nature (ICCN) à au moins cinq reprises. Les FARDC aussi ont attaqué des positions du M23 mais les combats qui ont lieu dans la nuit de lundi à mardi marque une véritable escalade. Jusque-là, on n’avait pas vu depuis des années des combats aussi violents mettant aux prises des combattants de l’ancien M23”, précise le coordinateur du KST.

Il est à noter que dans la province voisine de l’Ituri, elle aussi placée sous état de siège, une attaque lancée la même nuit dans le territoire d’Irumu, attribuée aux rebelles ADF (Forces démocratiques alliées), aurait fait plusieurs victimes civiles.