Somalie: comment les shebabs tirent profit de la crise politique

Somalie: comment les shebabs tirent profit de la crise politique

La Somalie traverse une grave crise politique. Mi-avril, le mandat du président Mohamed Abdullahi Mohamed, dit « Farmajo », qui avait expiré le 8 février, a été prolongé de deux ans. Depuis, les relations ne cessent de s’envenimer avec son Premier ministre. Une crise dont tirent profit les islamistes shebabs, comme l’a constaté dans la ville de Baidoa Florence Morice, la correspondante permanente de RFI en Afrique de l’Est.

Dans cet épisode de Témoins d’actu, Florence Morice explique tout d’abord qu’il n’est possible de se rendre à Baidoa que par les airs. Les routes alentours sont toutes sous le contrôle des shebabs. Notre journaliste n’a pu réaliser ses interviews que dans un lieu sécurisé et tenu secret.

À l’échelle du pays, les shebabs tiennent 30 % du territoire, essentiellement dans les zones rurales. « Un chiffre à nuancer », dit Florence car « même dans les grandes villes, leur influence est de plus en plus importante ».

Présents en Somalie depuis une quinzaine d’années, « les shebabs ont changé de tactique ces deux dernières années, poursuit Florence, en développant une sorte de présence fantôme y compris dans les zones qui ne sont pas censées être sous leur contrôle ». « Les shebabs arrivent à créer une forme de gouvernance parallèle en se substituant aux prérogatives d’un État somalien qui est défaillant. »

Florence Morice explique aussi le système de taxes imposées par les shebabs à la population. Il leur permet d’importantes rentrées d’argent : « Selon une étude datant de 2020, les recettes fiscales du groupe s’élèvent à 15 millions de dollars par mois, ce qui serait supérieur aux revenus de taxes générés par le gouvernement somalien ».

À cela s’ajoutent aussi les critiques de plus en plus grandes à l’égard de l’Amisom, la Mission de l’Union africaine chargée de la lutte contre les shebabs en Somalie : « Elle est de moins en moins offensive et se contente aujourd’hui de conserver les zones qu’elle arrive à contrôler, mais elle ne mène pas ou très peu d’offensives pour aller déloger les shebabs. »