Coup d’État au Burkina Faso: confusion autour du sort du président renversé Kaboré

Coup d’État au Burkina Faso: confusion autour du sort du président renversé Kaboré

Depuis le coup d’État à Ouagadougou, le président renversé Roch Marc Christian Kaboré n’a pas réapparu et ne s’est pas exprimé en public. Il est désormais détenu par les militaires et seraient en bonne santé.

Beaucoup de bruits, beaucoup de rumeurs ont circulé comme souvent dans les heures qui précèdent et suivent un coup d’État. Désormais une certitude:

Roch Marc Christian Kaboré est bien le prisonnier des militaires putschistes. Un prisonnier en bonne santé, logé dans de bonnes conditions dans une villa de la capitale, à Ouaga 2000, et qui n’est pas menacé. C’est l’ex-président lui-même qui l’a dit à l’un de ses proches, avec qui il a pu échanger par téléphone.

Il n’aurait pas le désir de sortir du pays. Dimanche soir, il aurait d’ailleurs refusé une proposition française d’exfiltration d’urgence, selon la publication spécialisée Africa intelligence.

Dans la matinée, une source diplomatique affirmait que l’intégrité physique du président burkinabè n’avait jamais été menacée et n’était pas menacée.

« Je souhaite que ce soit ça qui soit garanti dans les prochaines heures », a de son côté déclaré le président Emmanuel Macron au micro de RFI en marge d’un déplacement en France. « Nous veillons collectivement, a-t-il poursuivi, à ce qu’il soit placé en sécurité, lui et sa famille. »

Autre son de cloche à la Cédéao. Dans un communiqué, l’organisation sous-régionale dénonce une démission obtenue « sous la menace, l’intimidation et la pression des militaires après deux jours de mutinerie ».

Lettre de démission authentifiée

Les putschistes du MPSR avaient affirmé hier que leur coup de force s’était passé « sans effusion de sang et sans aucune violence physique sur les personnes arrêtées, détenues dans un lieu sûr ». Mais les doutes subsistaient après les coups de feu entendus autour de la résidence présidentielle dans la nuit de dimanche à lundi et les images de sièges de voitures maculées de sang qui avaient circulé sur les réseaux sociaux.

Dimanche soir, selon le récit donné par Roch Marc Christian Kaboré, des unités spéciales de la gendarmerie l’ont exfiltré de son domicile pour le protéger des mutins. Ces gendarmes ont assuré cette protection jusqu’en milieu de journée lundi et sa démission.

Une démission officialisée par une lettre manuscrite publiée lundi soir par la radio-télévision publique, et dont un proche du chef de l’État nous a confirmé l’authenticité. Roch Marc Christian Kaboré y évoque « l’intérêt supérieur de la nation », comprendre qu’il a voulu éviter des violences en cédant aux mutins.

Rassemblement à Ouagadougou

Dans le même temps, à Ouagadougou est organisée une manifestation de soutien aux putschistes. Le rendez-vous est donné sur la place de la Nation dans le centre de la capitale où la foule continue d’arriver. Elle a répondu à l’appel du mouvement Sauvons le Burkina Faso. Pour les organisateurs de ce rassemblement, il s’agit de montrer à la communauté internationale que « nous nous assumons en tant que peuple souverain et libre ».

« Nous sommes venus apporter notre soutien à l’armée, confie un homme, la soixantaine. Depuis sept ans, nous avons eu affaire à un régime incompétent, inactif et corrompu. L’armée a pris ses responsabilités. Nous devons la soutenir pour changer le Burkina Faso. »

• Déception au MPP, le parti présidentiel

Si le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le parti de l’ex-président, avait, un peu plus tôt, lundi, évoqué une « tentative avortée d’assassinat du président Roch Marc Christian Kaboré » et déploré des destructions de biens publics, le coup d’État est un coup de massue. Il n’y a pas de réaction officielle, pour le moment, de la part du parti, mais un cadre, du MPP, Lassina Ouattara, dit sa déception.