Le groupe Wagner suspecté par l’ONU d’avoir participé à un massacre en Centrafrique

Selon une source à l’Onu, une opération militaire conjointe entre l’armée centrafricaine et des mercenaires du groupe russe Wagner aurait fait au moins une trentaine de victimes. La présence de ce groupe sur place est contestée par Moscou.

Selon une source anonyme de l’AFP à l’ONU, cette dernière enquêterait sur un massacre présumé qui aurait causé la mort de plus de 30 civils en Centrafrique, près de Bria, à 600 km à l’est de la capitale Bangui. L’événement se serait passé lors d’une opération conjointe entre les forces armées et des mercenaires du groupe privé russe Wagner, les 16 et 17 janvier.

L’action visait le groupe armé Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), un des principaux groupes rebelles actifs dans l’est du pays, a précisé cette source onusienne selon laquelle certaines victimes auraient été atteintes par des balles perdues. La source a aussi évoqué la possibilité de pillages.

Exécutions sommaires ?

Contacté, le porte-parole de la présidence centrafricaine a affirmé qu’il n’avait « pas eu connaissance de cette attaque », alors qu’une autre source militaire sur place a déclaré que « les forces armées centrafricaines et les Russes sont en train de commettre un massacre », évoquant aussi des « exécutions sommaires » et un bilan plus lourd.

La mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca) a entrepris d’interroger des survivants afin d’éclaircir la réalité des faits. « Nous sommes en train d’évaluer le nombre de victimes et de personnes déplacées », a indiqué le porte-parole de l’ONU à New York, Stéphane Dujarric qui a confirmé que la Minusca avait bien reçu des informations sur une telle opération et continuait « continue d’évaluer la situation, en veillant à ce que les mesures nécessaires soient prises pour protéger les civils ».

Le groupe Wagner est réputé proche du Kremlin, ce que Moscou dément. La Russie ne reconnaît officiellement que la présence d’un peu plus de 1 100 instructeurs non armés. Une affirmation démentie par les ONG sur le terrain, la France et l’ONU qui affirment au contraire qu’une partie de ces instructeurs appartiennent bel et bien à Wagner. Il y a quelques jours, l’armée américaine a par ailleurs confirmé la présence du même groupe au Mali, contrairement – là encore – aux dénégations de la junte au pouvoir à Bamako.

Alors que la guerre civile, débutée en 2013, avait baissé d’intensité ces dernières années en Centrafrique, les principaux groupes armés – qui contrôlaient déjà les deux tiers du pays – ont lancé fin décembre 2020 une offensive à quelques jours de la présidentielle pour renverser le président Faustin Archange Touadéra, en lice pour un second mandat. Les rebelles, dont l’UPC, étaient même arrivés début janvier 2021 aux portes de la capitale.

Cessez-le-feu

Le président africain avait alors appelé la Russie à l’aide, sauvant ainsi son pouvoir, mais la présence des paramilitaires du groupe russe de sécurité privée Wagner est de plus en plus controversée et les attaques rebelles se poursuivent.

Le président centrafricain a décrété le 15 octobre un « cessez-le-feu unilatéral » pour favoriser l’ouverture prochaine d’un dialogue. Cessez-le feu que les principaux groupes armés ont annoncé aussi respecter. À l’exception de certains, comme l’UPC, qui ont continué leurs attaques.