Burkina Faso : le président Roch Kaboré serait détenu par l’armée

Burkina Faso : le président Roch Kaboré serait détenu par l’armée

Le président du Burkina Faso, Roch Kaboré, aurait été arrêté par des soldats qui se sont mutinés.

Certaines troupes de ce pays d’Afrique de l’Ouest ont exigé le limogeage des chefs militaires et davantage de ressources pour lutter contre les militants islamistes.

Le gouvernement a toutefois démenti toute suggestion de coup d’État militaire ou d’arrestation du président.

Le compte twitter du président a tweeté lundi pour la première fois depuis qu’il aurait été détenu par les militaires. Le message appelle les soldats qui ont pris les armes à les déposer dans l’intérêt de la nation.

“Notre Nation vit des moments difficiles. Nous devons en ce moment précis sauvegarder nos acquis démocratiques. J’invite ceux qui ont pris les armes à les déposer dans l’intérêt Supérieur de la Nation. C’est par le dialogue et l’écoute que nous devons régler nos contradictions.RK”

Dans un communiqué, la CEDEAO s’est déclarée profondément préoccupée par ce qu’elle a appelé “une tentative de coup d’État”.

Le bloc régional a également déclaré qu’il tient les soldats responsables du bien-être du président Kaboré.

La CEDEAO a suspendu le Mali et la Guinée et leur a imposé des sanctions après que les militaires de ces deux pays ont pris le pouvoir.

Que s’est-il passé ?

Des coups de feu ont été entendus pendant la nuit près du palais présidentiel et dans des casernes de la capitale, Ouagadougou.

Selon les médias étrangers, le président Kaboré serait détenu dans un camp militaire par des soldats qui se sont mutinés.

Des soldats ont également encerclé le siège de la télévision d’État.

Des centaines de personnes sont sorties pour soutenir les soldats malgré le couvre-feu imposé par le gouvernement. Certaines d’entre elles ont mis le feu au siège du parti au pouvoir.

Une vidéo en provenance de la capitale semble montrer des véhicules blindés – qui seraient utilisés par la présidence – criblés d’impacts de balles et abandonnés dans la rue.

Quelle est la situation actuelle à Ouagadougou ?

Simon Gongo, journaliste de la BBC à Ouagadougou, affirme que la ville est à nouveau calme.

On n’entend plus de tirs, et les gens et les voitures circulent dans la ville.

Une foule s’est rassemblée devant la résidence privée du président, dit-il, désireuse de comprendre ce qui s’est passé pendant la nuit.

Sans commentaire officiel de la part de l’armée ou du gouvernement, les gens attendent anxieusement une déclaration officielle sur la situation, dit notre reporter.

Mécontentement face à une insécurité persistante

Ces troubles interviennent une semaine après l’arrestation de 11 soldats accusés d’avoir fomenté un coup d’État.

Mais le mécontentement ne cesse de croître au Burkina Faso en raison de l’incapacité du gouvernement à éliminer avec succès une insurrection islamiste dans le pays depuis 2015.

Cela a atteint de nouveaux sommets en novembre, lorsque 53 personnes ont été tuées par des djihadistes présumés. Et samedi, un rassemblement interdit pour protester contre l’échec perçu du gouvernement a conduit à des dizaines d’arrestations.

Des troubles similaires au Mali voisin ont conduit à un coup d’État militaire en mai 2021, qui a été largement salué par la population.

Au Burkina Faso, les soldats qui se sont mutinés ont formulé plusieurs revendications, notamment la révocation du chef d’état-major de l’armée et du chef des services de renseignement, le déploiement de troupes supplémentaires sur la ligne de front et l’amélioration des conditions de vie des blessés et des familles des soldats.

Dimanche, le ministre de la Défense, le général Barthelemy Simpore, a minimisé les précédentes rumeurs concernant la capture du président et la nature des troubles en général.

La télévision d’État, quant à elle, avait qualifié le bruit des coups de feu dans les casernes militaires comme étant l’action de quelques soldats mécontents plutôt qu’un combat généralisé ou une tentative de coup d’État.

Burkina Faso : 3 choses à savoir

Ancienne colonie française, le Burkina Faso a souffert d'une instabilité chronique depuis son indépendance en 1960, notamment de plusieurs coups d'État.

Le nom du pays, qui signifie "pays des hommes honnêtes", a été choisi par l'officier militaire révolutionnaire Thomas Sankara, qui a pris le pouvoir en 1983. Il a été renversé et tué en 1987.

Depuis 2015, le pays lutte contre une insurrection islamiste qui a débordé du Mali voisin. Cela a alimenté la colère des militaires et a endommagé l'industrie touristique autrefois importante.

1px transparent line

M. Kaboré, ancien banquier et Premier ministre, est devenu président après avoir remporté les élections en 2015.

Ces élections étaient les premières depuis que le dirigeant de longue date, Blaise Compaoré, s’est exilé un an plus tôt à la suite d’un soulèvement populaire contre son régime.