Sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA contre le Mali La CNAS-Faso Hèrè invite les autorités militaires de la Transition à éviter de transformer notre pays en champ clos de rivalités négatives

Sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA contre le Mali La CNAS-Faso Hèrè invite les autorités militaires de la Transition à éviter de transformer notre pays en champ clos de rivalités négatives

Le Bureau Politique National de la CNAS-Faso Hèrè (Convention Nationale pour une Afrique Solidaire) exprime sa plus vive préoccupation face aux lourdes sanctions économiques, financières et diplomatiques que la CEDEAO et l’UEMOA ont édictées contre notre pays, le Mali, à l’issue de leurs Sommets tenus le 9 janvier 2022 à Accra, République du Ghana, sanctions accompagnées de menaces d’intervention armée.

Tout en rappelant et regrettant que les mesures d’embargo non ciblées affectent généralement beaucoup plus le citoyen moyen que les autorités nationales qu’elles sont censées punir, le Bureau Politique National du Parti de l’avant-garde militante et révolutionnaire du Peuple malien souligne ce qui suit :

La responsabilité des sévères sanctions infligées à notre pays incombe entièrement à la junte militaire et aux meneurs, y compris des acteurs authentiques de la Révolution démocratique et populaire du 26 mars 1991 et de proches collaborateurs de hauts responsables de la Transition 1991/1992, du mouvement insurrectionnel qui a fait le lit du coup d’Etat du 18 août 2020 et de l’accession au pouvoir des chantres de la Restauration CMLN/UDPM suite au coup de force dit de la ‘’rectification’’ perpétré le 25 mai 2021. En effet, toutes ces personnalités civiles ou militaires ne pouvaient pas ignorer que les changements inconstitutionnels de régime sont punis et par la Constitution du Mali, et par les instruments juridiques pertinents de la CEDEAO et de l’Union Africaine dont notre pays est membre fondateur. En tout état de cause, il importe de conjurer le risque réel que notre Armée nationale, fièrement créée le 10 octobre 1960 par le Président Modibo Keïta et ses valeureux compagnons de l’Indépendance et de la construction nationale, ne soit transformée en une Armée mexicaine et prétorienne s’arrogeant illégalement le rôle d’arbitre du jeu politique en lieu et place du Peuple souverain et de ses institutions constitutionnelles. C’est l’honneur de nos Forces Armées et de Sécurité que de rentrer définitivement dans les casernes et de n’en sortir que pour le champ de bataille dans la défense de l’intégrité territoriale, de la sécurité des personnes et des biens ainsi que de la stabilité des institutions républicaines.

Qui plus est, par divers subterfuges et manœuvres dilatoires cousues de fil blanc sur fond de manipulation populiste de l’opinion entretenue par les adeptes d’un national-chauvinisme revanchard de droite, le régime militaire cache mal sa volonté manifeste de confisquer le pouvoir d’Etat sous le couvert de conclusions tronquées de soit disant ‘’Assises Nationales de la Refondation’’, à l’image de ses prédécesseurs de novembre 1968 qui, sous le couvert du référendum du 2 juin 1974 censé marquer le retour à ‘’une vie constitutionnelle normale’’, se sont octroyés une rallonge de précisément 5 ans assortie d’une mise sur la touche de l’ensemble du leadership politique et syndical ayant dirigé le Mali depuis le 22 septembre 1960, date de l’accession de notre pays à l’Indépendance.

Alors même que la CEDEAO a mis en place un embargo plutôt partiel car excluant les produits de première nécessité (produits vivriers, produits pétroliers, médicaments, matériels de lutte contre le Covid-19, électricité), la junte et son Gouvernement, agissant dans la précipitation et enfourchant la trompette de l’ultra nationalisme, prennent des mesures dites de ‘’réciprocité’’ qui, paradoxalement, reviennent en fait à imposer un embargo total au Mali.

Il revient aux autorités militaires et civiles d’épargner à notre Peuple les affres d’un bras de fer prolongé, inutile et vain avec la CEDEAO, l’UEMOA et une grande partie de la communauté internationale en organisant, de bonne foi cette fois-ci et sans atermoiements, un retour rapide et ordonné à un pouvoir civil démocratiquement élu avant la fin de l’année calendaire en cours. A cet égard, il n’est pas inutile de rappeler que l’Histoire de notre pays démontre clairement qu’un pouvoir militaire n’est pas plus apte qu’un régime civil à relever les défis du Mali.

Dans ce contexte, invoquer l’insécurité comme prétexte pour renvoyer les élections aux calendes grecques reviendrait à accorder à la junte une prime injustifiable pour son échec à ramener la sécurité sur l’ensemble du territoire national. Faut-il le rappeler, la junte elle-même avait, dans son communiqué lu dans la nuit du 18 au 19 août 2020 annonçant le coup d’Etat militaire, promis une ‘’Transition civile courte’’, promesse confortée plus tard par l’engagement écrit consigné dans la Charte pour une Transition de 18 mois expirant en février 2022.

Les instances dirigeantes de la CEDEAO doivent faire preuve de retenue et éviter toutes actions précipitées susceptibles de déboucher sur des affrontements militaires dont les Peuples de notre espace communautaire feraient les frais et dont les seuls gagnants seraient la nébuleuse djihadiste-terroriste et ses soutiens locaux et extérieurs.

Les autorités militaires et civiles de la Transition doivent éviter de transformer notre pays en champ clos de rivalités négatives et de confrontations entre puissances régionales ou extra-africaines agissant souvent par le truchement, soit de groupes de sécurité publics ou privés, soit de supplétifs instrumentalisant la religion ou la misère et dont les motivations profondes ne sont pas toujours nécessairement compatibles avec les intérêts réels à court, moyen ou long termes de la République du Mali en tant qu’Etat souverain, républicain, démocratique et laïc dans ses frontières internationalement reconnues.

Face à la gravité de l’heure et à l’importance capitale des enjeux pour l’avenir républicain et démocratique de l’Etat malien, le Bureau Politique National de la CNAS-Faso Hèrè engage l’ensemble des forces politiques et sociales patriotiques, progressistes, républicaines, démocratiques et panafricanistes à l’union sacrée mais autour du drapeau national, de la Constitution du 12 janvier 1992 ainsi que des valeurs du 22 septembre 1960, du 20 janvier 1961, du 25 mai 1963 et du 26 mars 1991.