La Chine va nommer un envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique

La Chine va nommer un envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique

CONTEXTE. La région est sous pression entre le conflit en Éthiopie, les élections retardées en Somalie ou encore les attaques djihadistes au Kenya et au Mozambique.

La Chine va nommer un envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique, a annoncé ce jeudi 6 janvier au Kenya le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, marquant la volonté de son pays de s’impliquer diplomatiquement dans cette région en proie à divers conflits. Le chef de la diplomatie chinoise, qui a entamé mercredi une tournée africaine en Érythrée, au Kenya puis aux Comores, a affirmé que la Chine voulait ainsi encourager le dialogue face aux défis de paix et de sécurité. « Nous allons continuer à jouer un rôle encore plus grand pour la paix et la stabilité de la région », a-t-il déclaré en mandarin, traduit par un interprète depuis la ville kényane de Mombasa.

La visite du ministre des Affaires étrangères Wang suit de peu celle qu’a effectuée en novembre sur le continent le secrétaire d’État américain Antony Blinken, un voyage en partie destiné à contrer l’influence grandissante de la Chine en Afrique.

Une région déstabilisée par les conflits en Éthiopie et en Somalie

Son annonce coïncide par ailleurs avec l’arrivée de l’envoyé spécial américain pour la Corne de l’Afrique, Jeffrey Feltman, attendu jeudi en Éthiopie, secouée depuis plus d’un an par la guerre opposant l’armée fédérale aux rebelles du Tigré. Selon le département d’État, M. Feltman – dont une démission est cependant attendue à court terme – va tenter une nouvelle fois d’amener les belligérants à la table des négociations, sur fond d’accalmie dans les combats. Les rebelles éthiopiens, qui se rapprochaient il y a quelques semaines d’Addis-Abeba, se sont retirés fin décembre dans leur bastion du Tigré et l’armée fédérale a déclaré qu’elle ne les y pourchasserait pas.

Les États-Unis ont provoqué la colère de l’Éthiopie en retirant cette semaine le pays d’un important accord commercial, l’Agoa, en raison des atteintes aux droits humains commises dans le cadre de la guerre.

Washington a également imposé des sanctions contre l’Érythrée l’année dernière en raison de son implication dans le conflit au Tigré, qui a fait des milliers de morts et généré une profonde crise humanitaire. Les États-Unis ont demandé à Asmara de retirer ses troupes du Tigré, où elles combattaient aux côtés de l’armée fédérale et où les soldats des deux pays ont été accusés de massacres de civils et de viols de masse.

La veille à Asmara, Wang Yi a exprimé l’opposition de la Chine aux sanctions américaines contre ce pays extrêmement fermé et aux interférences dans les « affaires internes d’autres pays sous le prétexte de la démocratie et des droits humains ». Sans nommer de pays, le ministre chinois des Affaires étrangères a jugé que les conflits dans la Corne de l’Afrique entravent « l’énorme potentiel de développement » de la région et qu’ « une telle situation ne devrait pas se poursuivre ». Il a également exhorté les pays de la Corne de l’Afrique à « résoudre diverses différences ethniques, religieuses et régionales d’une manière africaine ».

Nouveau rôle pour la Chine ?

La région est également menacée par l’instabilité au Soudan du Sud, au Mozambique et en Somalie, où le gouvernement du président Mohamed Abdullahi Mohamed est sous pression pour organiser les élections repoussées depuis presque un an. La Chine, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, a été accusée en partie d’avoir bloqué l’action contre la guerre en Éthiopie que certains autres membres ont demandée.

Pékin s’est traditionnellement davantage concentré sur le développement économique et le commerce en Afrique que sur la politique et la diplomatie. Wang Yi n’a donné aucun détail sur le rôle potentiel de l’envoyé spécial ni sur la date de son arrivée sur le terrain.