Des milliers d’opposants à la junte manifestent au Soudan

Des milliers d’opposants à la junte manifestent au Soudan

Des milliers d’opposants au régime militaire se sont à nouveau mobilisés ce jeudi 6 janvier au Soudan et plus particulièrement à Khartoum, la capitale. Il s’agit du deuxième rassemblement depuis la démission du Premier ministre Abdallah Hamdok dimanche dernier. Trois personnes ont été tuées.

En début d’après-midi, ce jeudi, les manifestants étaient déjà des milliers dans les rues de Khartoum en colère et déterminés. Et malgré une forte présence des forces de sécurité, ils se sont dirigés vers le palais présidentiel pour dire non à la junte militaire.

Le centre de Khartoum était entièrement bouclé. Les magasins sont fermés, expliquait dans la matinée un manifestant. « Ils ont à nouveau coupé les ponts allant au centre-ville. Ils ont essayé les barbelés, les checkpoints, ça n’a pas marché. Alors maintenant, ils ont installé des containers métalliques à l’entrée des ponts. Et pas juste un, ils en ont mis deux, l’un sur l’autre, ce qui fait un mur de plus de dix mètres de haut pour physiquement empêcher les gens de passer. Mais on y arrive. Je ne peux pas vous dire comment, mais on traverse. À chaque fois qu’ils inventent quelque chose, on trouve une faille. »

« La manifestation a bien commencé, c’était très pacifique, les gens chantaient, jusqu’à ce qu’on arrive à un croisement où il y avait un important déploiement des forces de sécurité, raconte un autre. Ils ont jeté des gaz lacrymogène, nous ont arrosé d’eau et ont même tiré à balle réelle en l’air pour nous faire peur. Nous sommes restés là jusqu’à 17h puis nous avons fait demi-tour avant qu’il ne fasse noir, pour éviter de se faire arrêter. »
Durcissement

Impossible pour l’instant de dire combien il y a de manifestants. En tout cas le mouvement se durcit. Les manifestants refusent toutes discussions et cohabitation avec les militaires. Ils exigent tous simplement leur départ.

Selon le Comité central des médecins, cité par l’AFP, trois manifestants ont été tués par des tirs « des forces putschistes ». Deux d’entre eux ont été tués à Oumdourman, en banlieue de Khartoum, dont l’un atteint « à la tête » et l’autre « au bassin », et un troisième a été tué dans la capitale, touché « à la poitrine par des tirs à balles réelles », indique cette association indépendante. Ces médecins ont en outre fait état de plus de 300 blessés touchés notamment par des tirs à balles réelles, des tirs de balles en caoutchouc ou de lacrymogènes.

Les nouveaux décès surviennent au lendemain d’un appel de Washington à « cesser l’utilisation de la force létale contre les manifestants » au Soudan, où les autorités nient le recours aux tirs à balles réelles face aux manifestations. Au total, depuis le coup d’État mené par le général Abdel Fattah al-Burhane le 25 octobre 2021, la répression des manifestations contre l’armée a fait 60 morts et des centaines de blessés, selon la même source.

Le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhan a rejeté, mercredi, l’appel de la communauté internationale qui demande qu’un nouveau Premier ministre soit nommé en concertation avec la société civile.

Des mobilisations ont aussi lieu en dehors capitale, par exemple à Port-Soudan, à Atbara dans le nord, à Wad Madani dans le sud, et dans les États du Darfour-centre et du Darfour-sud.

Selon l’agence de presse officielle Suna, l’un des conseillers du général Al-Burhane a déclaré hier qu’il n’y avait aucun intérêt à ce que le vide étatique se prolonge, et qu’il devait être comblé au plus vite.