Les États-Unis excluent l’Éthiopie, le Mali et la Guinée de l’Agoa

ÉCHANGES. Washington a jugé que les actions prises par ces trois gouvernements violent les principes de cet accord, qui offre des avantages commerciaux aux pays africains.

Le couperet est tombé samedi 1er janvier 2022. Les gouvernements éthiopien, malien et guinéen, en raison d’actions prises par chacun de leurs gouvernements, ont violé les principes de l’African Growth and Opportunity Act (Agoa), a déclaré le bureau du représentant américain au Commerce (USTR). Ils ont donc été exclus de ce programme également connu sous le nom de Loi sur la croissance et les opportunités de développement en Afrique mis en place en 2000 sous l’administration Clinton pour faciliter et réguler les échanges commerciaux entre les États-Unis et l’Afrique. En principe, l’accord garantit un accès en franchise de droits à des milliers de produits sur le marché américain pour de nombreux pays africains. Sous réserve de conditions remplies concernant les droits de l’homme, la bonne gouvernance et la protection des travailleurs, mais aussi de n’appliquer aucune interdiction douanière pour les produits américains sur leur territoire. La liste des pays bénéficiaires est révisée tous les ans.

Couperet

Le gouvernement américain avait déjà annoncé la couleur aux trois pays concernés en novembre. Les États-Unis s’inquiétant particulièrement des « violations flagrantes des droits humains internationalement reconnus, perpétrées par le gouvernement éthiopien et d’autres parties dans le conflit qui s’étend dans le nord de l’Éthiopie », est-il précisé. Sanctions économiques également pour le Mali et la Guinée. « L’administration Biden-Harris est profondément préoccupée par le changement anticonstitutionnel des gouvernements » dans ces deux pays, est-il détaillé. « Chaque pays a des repères clairs pour une voie vers la réintégration et l’administration travaillera avec leurs gouvernements pour atteindre cet objectif », assure l’USTR.

Le traitement préférentiel des exportations vers les États-Unis est particulièrement important pour l’Éthiopie, en proie depuis près d’un an à un conflit militaire entre le Front populaire de libération du Tigré (TPLF) et les forces du gouvernement. L’administration américaine a exhorté à plusieurs reprises les parties éthiopiennes au conflit à négocier sans aucune condition préalable. Sans succès.

En Guinée, l’armée a destitué début septembre le président Alpha Condé un an après sa réélection pour un troisième mandat. Depuis, le pays est dirigé par une junte et leur leader, Mamady Doumbouya, président par intérim. Le pays n’a toujours pas donné de garantie pour une remise du pouvoir aux civils. Quant au Mali, il a connu deux coups d’État militaire en l’espace de quelques mois, en août 2020 puis en mai 2021, et est désormais dirigé par le chef des putschistes, le colonel Assimi Goïta. Les deux coups d’État ont été vivement critiqués au niveau international et les responsables ont été sanctionnés sur les plans diplomatiques et économiques.

Ce que ça change pour les pays concernés

Si en 2020, 38 pays étaient éligibles à l’Agoa, selon le site Internet de l’USTR, et que l’accord avait été modernisé en 2015 par le Congrès américain, qui avait aussi étendu ce programme jusqu’en 2025, sa performance n’est pas toujours au rendez-vous. Le programme repose à peu près sur un partage de 55 % pour le secteur énergie et 45 % pour les autres domaines. Le bémol est qu’il y a peu d’économies de droit de douane sur le secteur énergétique. En revanche, le secteur clé de la fabrication de vêtement semble être celui qui a permis la création de nombreux emplois dans des pays clés comme le Kenya, le Ghana, Maurice et, bien sûr, l’Éthiopie avec ses parcs industriels et les coûts bas qui ont attiré de nombreuses marques internationales. Selon les données du département américain du commerce, dans le cadre de l’Agoa, l’Éthiopie emploie 100 000 personnes et a exporté pour environ 525 millions de dollars de marchandises vers les États-Unis en 2020. Le géant est-africain est rapidement devenu le modèle africain à suivre. Pour le Mali et la Guinée, l’impact de cette décision sera moindre, car ces deux États exportent moins – respectivement pour 10 millions de dollars et 2,2 millions en 2020 – que l’Éthiopie vers les États-Unis selon les données de l’administration américaine.