Burkina : démission du Premier ministre Christophe Dabiré

Burkina : démission du Premier ministre Christophe Dabiré

Cette démission, acceptée par le président Kaboré, entraîne automatiquement celle de l’ensemble du gouvernement. Elle survient alors que depuis plusieurs semaines, la colère montre contre l’exécutif, accusé de ne rien faire contre la dégradation de la situation sécuritaire.

Le Premier ministre, Christophe Dabiré, a remis mercredi 8 décembre sa démission au président Roch Marc Christian Kaboré, qui l’a acceptée. « Il est mis fin aux fonctions de Premier ministre de M. Dabiré », a déclaré sur la télévision publique le secrétaire général du gouvernement, Stéphane Wenceslas Sanou, lisant un décret présidentiel. Cette démission entraîne automatiquement celle du gouvernement, selon la loi burkinabè.

Conformément aux textes, « les membres du gouvernement sortant assurent l’expédition des affaires courantes des départements ministériels jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement », a précisé Stéphane Wenceslas Sanou.

Manifestations

« J’invite les Burkinabè, dans leur ensemble, à se mobiliser, pour soutenir le président du Faso et le nouvel exécutif qui sera mis en place. Je reste convaincu que c’est dans une unité d’action que nous pourrons relever les défis auxquels notre pays et notre peuple sont confrontés », a déclaré Christophe Joseph Marie Dabiré sur sa page Facebook.

Depuis plusieurs semaines, la colère montait contre l’exécutif. Le 9 novembre, l’opposition avait ainsi exigé des « mesures urgentes » face à la « dégradation de la situation sécuritaire », dans un délai d’un mois. Le 27 novembre, des centaines de manifestants étaient descendus dans la capitale, Ouagadougou, pour dénoncer « l’incapacité » du pouvoir à contrer la violence jihadiste qui frappe le pays.

Des organisations de la société civile avaient exigé à cette occasion le départ du chef de l’État. Une dizaine de personnes, dont un enfant et deux journalistes, avaient été blessées lorsque ces marches avaient été dispersées.

Les autorités burkinabè sont confrontées au ras-le-bol de la population face aux attaques jihadistes qui frappent le pays chaque semaine. Elles ont fait environ 2 000 morts et 1,4 million de déplacés depuis 2015.

L’attaque perpétrée le 14 novembre contre un détachement de gendarmerie stationné à Inata (Nord), l’une des plus meurtrières contre les forces de sécurité, a choqué le pays : au moins 57 personnes, dont 53 gendarmes, ont été tuées par des jihadistes. Deux semaines avant, les gendarmes d’Inata avaient alerté l’état-major sur leur situation précaire, disant manquer de nourriture et s’alimenter grâce au braconnage.

Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des groupes jihadistes, affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique. Les attaques qui visent civils et militaires sont de plus en plus fréquentes et en grande majorité concentrées dans le nord et l’est du pays.
Opération mains propres

Fin novembre, le président Kaboré avait annoncé de nouvelles mesures, soulignant « la nécessité de constituer, au plan gouvernemental, une équipe resserrée et plus soudée ». Il avait aussi annoncé le lancement d’une « opération mains propres, pour vider tous les dossiers pendants de corruption et éclaircir toutes les affaires qui polluent le quotidien des Burkinabè épris de bonne gouvernance et de démocratie ».

En poste depuis janvier 2019, Christophe Dabiré, ancien commissaire chargé du commerce, de la concurrence et de la coopération de l’Uemoa, avait été reconduit en janvier 2021, après la réélection du président Kaboré pour son second et dernier mandat.

Roch Marc Christian a été élu en novembre 2015, un an après que son prédécesseur Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987, a été chassé par la rue. Mais il a été confronté dès sa prise de fonction à une dégradation progressive de la situation sécuritaire dans le pays qui n’a, pour l’heure, pas pu être enrayée.