Terrorisme au Sahel : le président Bazoum pointe les erreurs de stratégies

Terrorisme au Sahel : le président Bazoum pointe les erreurs de stratégies

ÉCUEILS. Le président du Niger, l’un des pays les plus touchés par les attaques djihadistes au Sahel, a déploré un trop-plein d’armes venues de Libye.

Près d’un an après son accession au pouvoir, le nouveau président du Niger ne connaît pas d’état de grâce. Le pays doit faire face aux attaques régulières et meurtrières de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et l’État islamique au Sahel dans l’Ouest, et à celles de Boko Haram et de l’État islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap) dans le Sud-Est. Et depuis le début de l’année, ces djihadistes multiplient les assauts sanglants, contre des civils notamment dans la zone de Banibangou et dans la région voisine de Tillabéri, près du Burkina Faso et du Mali.

Un trop-plein d’armes

Pour le président Mohamed Bazoum, cette situation est le résultat d’erreurs de stratégie, il pointe en particulier la faiblesse des moyens engagés pour lutter contre le trafic d’armes en provenance de Libye, principale source d’approvisionnement des groupes djihadistes qui sévissent au Sahel. Face à l’insécurité généralisée dans la région confrontée à la violence djihadiste, il a estimé que les pays du Sahel ont « besoin d’un soutien plus adapté de leurs partenaires axé sur le renseignement, l’appui aérien et le renforcement des capacités de leurs armées ». « À propos du renseignement, la grande erreur des partenaires est leur faible implication dans le combat contre le trafic des armes en provenance de Libye, qui est pourtant le paramètre le plus important dans la prévalence de ce terrorisme », a-t-il affirmé. Son prédécesseur, l’ex-président Mohammadou Issoufou, dont il a été l’un des ministres et bras droit, avait déjà alerté sur cette prolifération des armes au déclenchement de l’opération internationale visant à chasser le colonel Kadhafi du pouvoir.

Depuis 2011 et la mort du dictateur Mouammar Kadhafi, la Libye a plongé dans le chaos et les guerres tribales, parfois alimentées par des pays extérieurs pour soutenir telle ou telle faction. « Ce trop-plein d’armes a été canalisé vers le Sahel et sert depuis lors à alimenter les différents foyers terroristes ainsi que les nombreux groupes de bandits criminels opérant dans la zone, surtout au Nigeria », a affirmé M. Bazoum.

Une guerre asymétrique

Les armées des pays du Sahel et plusieurs pays européens impliqués dans la lutte antidjihadiste dans la région, dont la France, sont confrontés aux attaques récurrentes de multiples groupes armés. « Les groupes terroristes opérant actuellement au Sahel se distinguent par le caractère sophistiqué et la quantité remarquable de leurs armes ainsi que de leurs munitions, acquises à des coûts très faibles à travers les réseaux de contrebande libyens », a-t-il dit dans son disours lors de l’ouverture du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique.

« J’ai même la faiblesse de penser que pour certaines armes, la proportion chez les terroristes est supérieure à celles détenues par les forces régulières. C’est le cas notamment des lance-roquettes RPG et des fusils mitrailleurs M80, qui sont les armes vedettes de ces guerres », a-t-il affirmé, ajoutant que « nulle part au monde des groupes rebelles n’ont pu avoir accès aux mêmes armes que les forces légales qu’elles combattent, comme c’est le cas aujourd’hui au Sahel ».