Frappé par la violence jihadiste, le Niger fait aussi face à une grave crise alimentaire

Les maigres moissons de septembre terminées, le Niger, Etat aride qui fait déjà face depuis des années à des attaques jihadistes meurtrières, s’apprête à affronter un autre fléau : une grave crise alimentaire.

Sécheresse, insectes et chenilles ont ravagé les récoltes de mil, haricots, maïs et sorgho, et là où les pluies ont été abondantes, de graves inondations ont détruit les cultures.

Et la violence jihadiste empêche les paysans de cultiver alors que plus de 80% des plus des 20 millions de Nigériens dépendent des récoltes céréalières.

“Cette année, c’est une situation alimentaire qui apparaît beaucoup plus sérieuse comparée aux années précédentes”, a alerté la semaine dernière le Premier ministre nigérien Ouhoumoudou Mahamadou devant des diplomates, représentants de l’ONU et d’ ONG internationales.

Il a demandé à ses partenaires de “renforcer leur soutien” pour “aider à la résolution de cette crise alimentaire qui s’ajoute à la crise sécuritaire”.

2,5 millions souffrent de pénurie alimentaire sévère

Devant les représentants des organisations paysannes, le président nigérien Mohamed Bazoum a récemment indiqué que “6.430 villages agricoles” sur les 12.474 du pays, “accusent des déficits céréaliers d’au moins 50%”. “8,8 millions de personnes – contre 3,6 millions en 2020 – manquent de nourriture” et “2,5 millions souffrent de pénurie alimentaire sévère”, a-t-il affirmé.

Dans l’ouest du Niger proche du Mali et du Burkina Faso également touchés par la violence jihadiste, les paysans ont été régulièrement ciblés par des hommes armés dans leur champs et n’ont donc pas pu les cultiver, selon l’ONU.
Un plan d’urgence

Face à cette situation de crise, susceptible de déboucher sur une famine, les autorités veulent mobiliser plus de 160,3 milliards de Francs CFCA (244,4 millions d’euros) pour financer un plan d’urgence jusqu’en mars 2022, visant notamment à apporter une assistance “dans les zones où les paysans n’ont pas pu cultiver les champs à cause des attaques des terroristes”.

Des distributions gratuites et des ventes de vivres à bas prix sont prévues.

Le gouvernement a également promis un “programme de cultures irriguées” pour permettre à plus de 4,7 millions de personnes de faire du maraîchage et ainsi combler leurs déficits en céréales.