Tchad: le gouvernement annonce l’amnistie générale de rebelles emprisonnés ou en exil

Tchad: le gouvernement annonce l’amnistie générale de rebelles emprisonnés ou en exil

À l’issue d’un conseil des ministres extraordinaire, une amnistie générale des rebelles emprisonnés ou en exil a été annoncée ce lundi.

L’annonce a été faite en direct dans le journal de la télévision tchadienne par le porte-parole du gouvernement. L’amnistie concerne tous les condamnés pour atteinte à l’intégrité de l’État et aussi des faits relatifs à la liberté d’opinion. Cette amnistie concernerait 39 personnes, rapporte notre correspondante à Ndjamena, Aurélie Bazzara-Kibangula.

Le ministre a également annoncé une amnistie générale pour les personnes condamnées pour acte de terrorisme, de complicité de terrorisme et enrôlement de mineurs dans les groupes armés. Cette fois, cette décision concernerait, selon les autorités, plus de 250 Tchadiens condamnés par la Cour criminelle de Ndjamena siégeant exceptionnellement à la prison de Koro Toro le 22 août 2019.

L’amnistie était l’une des revendications des responsables des groupes politico-militaires pour leur participation à un dialogue national dont la date n’a pas encore été fixée. Cette revendication avait été faite lors des consultations qui se sont déroulées entre responsables de groupes rebelles et les membres du comité technique spécial dirigé par l’ancien président Goukouni. Ces consultations avaient eu lieu au Qatar, en France et en Égypte.

Pour Abderamane Koulamallah, le porte-parole du gouvernement, cette amnistie générale est un signe d’ouverture des autorités. « C’est un fait historique dans notre pays qui permet à un gouvernement qui a été attaqué dans ses institutions de faire table rase de ces atteintes graves à l’ordre constitutionnel. Il ne faut pas le négliger. Et ces atteintes sont d’autant plus graves que l’acte posé est un acte salutaire qui permet aux groupes armés d’avoir tous les arguments possibles pour participer à ce dialogue. »

Reste à savoir si d’autres conditions vont être satisfaites, comme la restitution des biens confisqués. Mais aussi, quels noms figurent sur la liste des personnes pouvant être amnistiées. Cette liste n’a pour l’instant pas été dévoilée. Les autorités précisent simplement qu’il s’agit à la fois de rebelles emprisonnés au Tchad et ceux qui sont en exil et qui ont été condamnés après le 31 mai 2018.

Réaction prudente des groupes armés

Les dirigeants des principaux groupes politico-militaires y voient un « geste », mais attendent de nouvelles avancées pour envisager participer au dialogue national. Alors que les autorités de la transition ont réitéré la nécessité d’une « réconciliation sincère et intégrale », les discussions doivent se poursuivre dans le cadre du comité technique spécial mené par l’ex-président Goukouni Oueddeï, car d’autres préalables ne sont pas remplis, estime Timan Erdimi.

Le dirigeant de l’UFR et son frère Tom sont inscrits sur une des listes gouvernementales, mais ils font toujours l’objet de condamnations antérieures. « C’est un premier pas positif qui va dans le sens des bonnes intentions. Ce sont les combattants des différentes tendances politico-militaires, qu’ils soient de l’UFR, l’UFDD, du CNR, pour nous, tous les combattants s’équivalent. C’est une bonne chose. Mais nous avons posé trois préalables : l’amnistie, la libération des détenus politiques et la restitution des biens spoliés. Donc nous attendons les deux autres points. »

Le leader d’une autre formation, qui ne souhaite pas être cité, ajoute comme préalable la présence de la communauté internationale comme « caution » du pré-dialogue, et demande que le périmètre de l’amnistie et des libérations soit élargi.

Le Fact, lui, ne serait pas concerné par cette mesure. Son chef, Mahamat Mahdi Ali explique donc à RFI l’accueillir avec prudence.