Ethiopie : la France appelle ses ressortissants à quitter « sans délai » le pays

Ethiopie : la France appelle ses ressortissants à quitter « sans délai » le pays

L’ambassade à Addis-Abeba prévoit de faciliter le départ des Français sur des vols commerciaux en réservant des sièges et, « si nécessaire », d’affréter un vol charter.

Mardi 23 novembre, la France a appelé ses ressortissants à quitter « sans délai » l’Ethiopie, où des combats se rapprochent de la capitale après plus d’une année de guerre entre forces gouvernementales et rebelles dans le nord du pays.

L’ambassade de France à Addis-Abeba, qui dit prendre cette décision au vu de « l’évolution de la situation militaire », ajoute prévoir de faciliter le départ des ressortissants sur des vols commerciaux en réservant des sièges et, « si nécessaire », d’affréter un vol charter.

Avant la France, plusieurs pays, dont le Royaume-Uni et les Etats-Unis, ont exhorté leurs citoyens à quitter le pays. Ces derniers ont également évacué leur personnel non essentiel. Un responsable de l’ambassade a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) que des départs « volontaires » du personnel pourraient avoir lieu, notamment parmi les familles.

En parallèle, l’ONU va évacuer d’ici à jeudi les familles de ses employés internationaux en Ethiopie. « Compte tenu de la situation sécuritaire dans le pays et par excès de prudence, l’ONU a décidé de réduire son empreinte dans le pays, en relocalisant provisoirement toutes les personnes à charge éligibles », a déclaré le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, estimant à plusieurs centaines le nombre des personnes concernées par cette mesure.

Efforts diplomatiques

Le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a envoyé début novembre 2020 l’armée fédérale au Tigré afin de destituer les autorités de cette région, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui défiaient son autorité et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires. Prix Nobel de la paix 2019, M. Abiy avait proclamé la victoire trois semaines plus tard, après la prise de la capitale régionale, Makalé. Mais en juin, les combattants pro-TPLF ont repris l’essentiel de la région et ont poursuivi leur offensive dans les régions voisines de l’Amhara et de l’Afar.

Fin octobre, le TPLF a revendiqué la prise de deux villes clés en Amhara, se rapprochant ainsi d’Addis-Abeba – ce qu’avait démenti le gouvernement éthiopien. Le TPLF, qui s’est allié avec un groupe rebelle oromo actif dans la région qui entoure la capitale, a affirmé cette semaine se trouver à Shewa Robit, à 220 km au nord-est d’Addis-Abeba. Le gouvernement n’a pas commenté cette information. Selon des diplomates au fait de la situation sécuritaire, certains combattants rebelles auraient atteint la localité de Debre Sina, plus proche d’environ 30 km de la capitale.

Ces dernières semaines, les efforts diplomatiques de la communauté internationale se sont intensifiés afin de tenter d’obtenir un accord de cessez-le-feu. L’émissaire de l’Union africaine (UA) pour la Corne de l’Afrique, l’ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, et son homologue américain, Jeffrey Feltman, se sont rendus une nouvelle fois en Ethiopie jeudi. Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a récemment averti des risques d’« implosion » de l’Ethiopie si aucune solution politique au conflit n’est trouvée.