En Centrafrique, un ministre incarcéré pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité

Hassan Bouba, ex-numéro 2 du groupe armé UPB, a été arrêté après une ordonnance de la Cour pénale spéciale du pays.

Bouba Ali Hassan, dit Hassan Bouba, ministre de l’élevage et de la santé animale de Centrafrique, a été arrêté vendredi 19 novembre dans le bureau de son ministère par la police judiciaire, selon plusieurs sources proches du dossier qui ont requis l’anonymat. L’ancien numéro 2 de l’un des plus redoutables groupes armés rebelles, l’Union pour la Paix en Centrafrique (UPC), est accusé de crimes de guerre et crimes contre l’humanité par la Cour pénale spéciale (CPS), selon une ordonnance de cette juridiction dont l’Agence France-Presse a pu lire une copie samedi.

La Centrafrique, pays parmi les plus pauvres du monde, est le théâtre, depuis 2013, d’une guerre civile d’abord très meurtrière, mais qui a considérablement baissé d’intensité après 2018. La CPS est une juridiction hybride, composée de magistrats centrafricains et internationaux, chargée de juger à Bangui les violations graves des droits humains commises dans le pays depuis 2003.

Attaque d’un camp de déplacés en 2018

L’« ordonnance aux fins d’incarcération » de la CPS consultée par l’AFP, pas plus que les sources anonymes, ne précisent quels sont les faits qui justifient ces « inculpations ». Mais en août dernier, l’ONG américaine The Sentry avait affirmé au terme d’une enquête très détaillée que le chef de l’UPC, Ali Darassa, et son numéro deux de l’époque, Bouba Ali Hassan, étaient directement responsables de l’attaque d’un camp de déplacés en novembre 2018 à Alindao, à 500 kilomètres à l’est de Bangui, qui s’était soldée par la mort d’au moins cent douze villageois dont dix-neuf enfants.

Les accusations retenues sont extrêmement lourdes et le présentent comme un des auteurs présumés de massacre et tortures : « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité par meurtres, actes inhumains » et « traitements cruels tels que la torture », lit-on dans l’ordonnance des juges de la CPS qui l’ont auditionné vendredi et ordonné son « incarcération provisoire » immédiatement après.