Démocratie.En Tunisie, la résistance citoyenne s’organise “contre le coup d’État”

Démocratie.En Tunisie, la résistance citoyenne s’organise “contre le coup d’État”

Plus de trois mois après le coup de force du président tunisien, Kaïs Saïed, qui s’est arrogé les pleins pouvoirs, l’initiative “Citoyens contre le coup d’État” tente d’organiser sa riposte politique.

Un groupe de personnalités publiques opposées à ce qu’elles désignent comme un coup d’État du président Kaïs Saïed a tenu, ce lundi 8 novembre, une conférence de presse dans la rue, après avoir été empêché de pénétrer dans une salle de conférences de Tunis, rapporte le site d’information Business News. Chef de file de cette initiative politique, Jaouhar Ben M’Barek a annoncé sur son compte Facebook que le propriétaire de la salle s’était vu interdire par la police d’en ouvrir les portes.

De son côté, le président tunisien, Kaïs Saïed, qui recevait le même jour Najla Bouden – la très discrète chef du gouvernement – et son ministre de l’Intérieur, a affirmé ne pas être à l’origine de cette interdiction, relate la radio privée Mosaïque FM. Saïed, qui détient pratiquement les pleins pouvoirs depuis le 25 juillet dernier, récuse les accusations de coup d’État, en assurant que les chapitres de la Constitution relatifs aux droits et libertés restent en vigueur. Dès lors, “qui a interdit la conférence des citoyens contre le coup d’État ?” se demande Mosaïque FM.
Un retour au processus constitutionnel

Toujours est-il que le collectif d’opposants, constitué de plusieurs partis démocratiques et de personnalités politiques ou publiques, a tenu sa conférence de presse à l’entrée de la salle, note le journal d’État La Presse.

La police empêche l’ouverture de la salle où le “collectif citoyen contre le coup d’État” devait tenir leur 1ere conférence, selon les organisateurs #Tunisie #Tunis pic.twitter.com/YMVgZz1SyT

— Mathieu Galtier (@mathieu_galtier) November 8, 2021

Le collectif propose notamment un retour au processus constitutionnel avorté le 25 juillet, ainsi que la tenue d’élections législatives et présidentielle anticipées au second semestre de 2022, sur la base d’une loi électorale amendée. Il prône également, dans le cadre de cette transition, une reprise des activités du Parlement, gelées par le chef de l’État depuis le 25 juillet.

Cette résistance politique, qui se cristallise autour de partis démocratiques, a obtenu le soutien d’Abderraouf Betbaïeb, ancien proche conseiller du président Kaïs Saïed. Véritable bras droit du président lors des premiers mois de son mandat, Abderraouf Betbaïeb avait démissionné début 2020. Dans une déclaration aux médias le 8 novembre, il a estimé que la Tunisie est de plus en isolée sur la scène internationale, comme le rapporte dans un autre article le site Business News.

Lors de son entrevue avec la chef du gouvernement et le ministre de l’Intérieur, Kaïs Saïed a fustigé ses opposants réunis au sein de cette initiative. “Lorsqu’ils ont su qu’ils n’auraient pas de place dans le gouvernement, ils se sont élevés contre ce qu’ils qualifient à tort de coup d’État. Nous travaillons sous couvert de la Constitution, comment pouvez-vous appeler ça un coup d’État ?” a-t-il déclaré dans des propos notamment rapportés par le site d’information Webdo.