Trois Algériens tués au Sahara occidental, Alger accuse le Maroc

Trois Algériens tués au Sahara occidental, Alger accuse le Maroc

Trois algériens qui effectuaient la liaison entre la Mauritanie et l’Algérie ont été tués le 1er novembre dans un bombardement. L’Algérie accuse le Maroc d’être derrière ces frappes. L’incident a eu lieu en plein cœur du Sahara occidental.

“Trois ressortissants algériens ont été lâchement assassinés par un bombardement barbare de leurs camions alors qu’ils faisaient la liaison Nouakchott-Ouargla”. C’est pas ce communiqué de la présidence algérienne que la nouvelle est tombée.

Alger accuse Rabat. “Plusieurs facteurs désignent les forces d’occupation marocaines au Sahara occidental comme ayant commis, avec un armement sophistiqué, ce lâche assassinat”.

La route reliant Nouakchott, en Mauritanie, à Ourgla, dans le sud algérien, longe le Sahara occidental sur 3.500 km.

Le communiqué algérien n’a pas précisé l’endroit exact où le bombardement a eu lieu mais Akram Kharief, patron du site spécialisé Mena défense, a indiqué à l’Agence France Presse que “les camionneurs algériens ont été tués entre Aïn Bentili et Bir Lahlou en territoire libéré, par où passe la route entre l’Algérie et la Mauritanie.”

Toujours selon ce site spécialisé, qui a interrogé des proches des victimes, “les deux camionneurs à bord de leurs véhicules MAN, en étaient à leur premier voyage et étaient accompagnés par un troisième algérien de Ouargla habitué du trajet. [….] Les deux camions étaient à l’arrêt lorsqu’ils ont été touchés par des tirs d’artillerie provenant du mur de séparation marocain se trouvant à plus de 25 km des lieux. Les deux camions se trouvaient sur la route qui est fréquentée par le trafic routier et ne s’étaient pas écartés.”

La présidence algérienne n’a pas non plus donné plus de précisions sur “l’armement sophistiqué” que le Maroc est accusé d’avoir utilisé dans l’attaque, mais Rabat avait pris livraison à la mi-septembre d’une première commande de drones de combat turcs, selon la presse.

“Leur assassinat ne restera pas impuni”, affirme la présidence algérienne dans son communiqué en rendant hommage aux “trois victimes innocentes de cet acte de terrorisme d’État.”

L’armée mauritanienne a démenti de son coté dans un communiqué qu’une telle attaque se soit produite en territoire mauritanien suite à des rumeurs sur les réseaux sociaux.

Un conflit post-colonial jamais résolu

La question du Sahara occidental, ex-colonie espagnole considérée comme un “territoire non autonome” par l’ONU en l’absence d’un règlement définitif, oppose depuis des décennies le Maroc au Front Polisario, soutenu par l’Algérie.

Les tensions se sont accrues récemment, culminant avec la rupture par l’Algérie de ses relations diplomatiques avec son voisin, fin août.

La crise a éclaté peu après la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, en échange de la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

Rabat contrôle près de 80% de ce vaste territoire désertique au riche sous-sol et bordant des eaux poissonneuses alors qu’Alger soutient les indépendantistes sahraouis du Front Polisario.

Le Polisario réclame un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU, qui avait été prévu lors de la signature d’un cessez-le feu en 1991.

Les indépendantistes sahraouis ont rompu le 13 novembre 2020 la trêve avec le Maroc, après le déploiement de forces marocaines dans une zone tampon au Sahara occidental.

Le conseil de sécurité de l’ONU a appelé la semaine passée les “parties” au conflit du Sahara à reprendre les négociations “sans pré-conditions et de bonne foi”, en votant une résolution prolongeant d’un an la mission Minurso dans la région. Mais l’Algérie, opposée à une reprise de négociations sous forme de tables rondes organisées en Suisse, a dénoncé cette résolution comme “partiale”.
Fermeture du gazoduc entre les deux pays

Autre conséquence de la montée des tensions entre Alger et Rabat, l’Algérie a décidé de ne pas reconduire fin octobre le contrat du gazoduc passant par le Maroc et alimentant l’Espagne en gaz algérien, invoquant “des pratiques à caractère hostile du royaume” voisin.

Depuis 1996, l’Algérie expédiait vers l’Espagne et le Portugal environ 10 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an via le gazoduc Gaz Maghreb Europe (GME).

En contrepartie du transit du gazoduc, Rabat recevait annuellement près d’un milliard de m3 de gaz naturel. La moitié était des droits de passage payés en nature, l’autre du gaz acheté à un prix avantageux, selon des experts du secteur.

Les livraisons de gaz algérien à l’Espagne se feront désormais exclusivement via un autre pipeline, le gazoduc sous-marin Medgaz et sous forme de gaz naturel liquéfié livré par la voie maritime.