Centrafrique : une dizaine de Casques bleus blessés par des tirs de la garde présidentielle

Centrafrique : une dizaine de Casques bleus blessés par des tirs de la garde présidentielle

Au moins dix Casques bleus égyptiens de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca) ont été blessés lundi par des tirs de la garde présidentielle à Bangui, a annoncé mardi l’ONU.

Des représentants de l’État qui font feu sur les agents de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca) : une dizaine de Casques bleus égyptiens ont été blessés par des tirs de la garde présidentielle lundi 1er novembre à Bangui, selon l’Organisation des Nations unies (ONU) mardi, qui condamne “une attaque délibérée et inqualifiable”.

Les services du président Faustin-Archange Touadéra ont en retour accusé les militaires égyptiens d’avoir pris des photos de la résidence du chef de l’État, ce qui est interdit, et d’avoir refusé d’arrêter leur véhicule. Une fille de 12 ans a été heurtée par le minibus et tuée “dans leur fuite”, selon la présidence.

“Les éléments de l’Unité de police constituée égyptienne”, qui circulaient dans un bus, “ont essuyé des tirs nourris de la garde présidentielle sans sommation préalable ni riposte aucune, alors qu’ils n’étaient pas armés”, a assuré l’ONU dans un communiqué. Deux d’entre eux ont été grièvement blessés.

Une personne morte renversée

Les Égyptiens étaient arrivés à l’aéroport de Bangui dans le cadre de la rotation périodique des troupes. Ils se dirigeaient vers leur base dans des bus clairement identifiés “avec les initiales UN”, selon Vladimir Monteiro, porte-parole de la Minusca.

Trois des quatre bus de ce contingent sont entrés dans la base égyptienne, à 500 mètres de la résidence de Faustin-Archange Touadéra, a assuré à l’AFP Albert Yaloké Mokpeme, porte-parole de la présidence. “Mais le quatrième continue pour remonter jusqu’au niveau de la résidence du chef de l’État”, selon lui. La garde présidentielle leur “fait signe de faire demi-tour”, ce qu’ils font, mais l’un des passagers “sort son appareil photo et fait des photos de la résidence du chef de l’État, ce qui est formellement interdit”, a ajouté le porte-parole.

“Après le refus d’obtempérer, la garde a fait des tirs de sommation et il se trouve que ces tirs ont fait des blessés”, a poursuivi Albert Yaloké Mokpeme, accusant le chauffeur du véhicule d’avoir “mortellement heurté une jeune fille de 12 ans (…) dans leur fuite”. En quittant la zone après les tirs le bus “a heurté une femme qui a perdu la vie”, selon la Minusca.

“Le communiqué (de la Minusca) parle finalement d’une ‘attaque’ de la garde présidentielle, de ‘tirs sans sommation’, (…) je suis désagréablement surpris. À quoi joue la Minusca ?” , s’est insurgé Albert Yaloké Mokpeme.

Mi-octobre, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait dénoncé “des incidents hostiles” ciblant des Casques bleus et impliquant “des forces de défense et de sécurité déployées bilatéralement” qui se poursuivaient à “un niveau inacceptable”. Antonio Guterres avait réclamé à Bangui “des mesures concrètes” pour mettre un terme à ces actes “susceptibles de constituer des crimes de guerre”.

Multiplication des attaques furtives

Classé deuxième pays le moins développé au monde par l’ONU, la Centrafrique a été plongée dans une guerre civile sanglante après un coup d’État en 2013. Ce conflit perdure mais a considérablement baissé d’intensité depuis trois ans, même si des pans entiers de territoire continuent d’échapper au pouvoir central.

Sept attaques visant des membres de la Minusca et 18 cas de harcèlement routier par les forces de sécurité nationale ont été enregistrés par l’ONU entre le 1er juin et le 1er octobre.

En décembre 2020, une partie des groupes armés qui occupaient alors plus des deux tiers du pays avaient lancé une offensive pour empêcher la réélection de Faustin-Archange Touadéra. Celui-ci avait sollicité Moscou et Kigali, qui avaient dépêché des centaines de paramilitaires russes et de soldats rwandais à la rescousse d’une armée centrafricaine démunie.

Grâce essentiellement au soutien des Russes et des Rwandais, elle a, depuis, reconquis toutes les grandes villes et repoussé les rebelles dans les forêts. Mais ces derniers multiplient les attaques furtives ces dernières semaines, loin de la capitale Bangui.