Washington « inquiet » des « atteintes à la liberté de la presse » en Tunisie

Washington « inquiet » des « atteintes à la liberté de la presse » en Tunisie

Après l’arrestation d’un journaliste qui avait vivement critiqué le président Saied sur une télévision privée proche d’Ennahdha, la police a saisi les équipements de la chaîne.

Les Etats-Unis ont critiqué, jeudi 7 octobre, des « atteintes aux libertés de la presse et d’expression » de la part des autorités tunisiennes et exhorté Tunis à revenir à un « processus démocratique transparent » plus de deux mois après le coup de force du président Kais Saied.

La police tunisienne a saisi, mercredi, les équipements de la télévision privée Zitouna Channel, proche du parti d’inspiration islamiste Ennahdha, au motif d’une « diffusion illégale » de la chaîne, après l’arrestation dimanche d’un journaliste qui avait vivement critiqué M. Saied.

« Nous sommes inquiets et déçus des récentes informations venant de Tunisie à propos d’atteintes aux libertés de la presse et d’expression », a déclaré le porte-parole du département d’Etat, Ned Price.

Il a appelé le gouvernement tunisien à « tenir son engagement à respecter les droits humains tels qu’ils sont exposés dans la Constitution tunisienne » ainsi que dans un décret pris en septembre par Kais Saied lui-même.

« Nous exhortons aussi le président tunisien et la nouvelle première ministre à répondre à l’appel du peuple tunisien pour une feuille de route claire en vue d’un retour à un processus démocratique transparent impliquant la société civile et des voix politiques plurielles », a ajouté Ned Price.
Pleins pouvoirs

Kais Saied avait suspendu les travaux du Parlement fin juillet pour trente jours et limogé le premier ministre Hichem Mechichi, affirmant vouloir « sauver » le pays, rongé par des mois de blocages politiques et un nouveau pic meurtrier de Covid-19.

Le chef de l’Etat a ensuite officialisé les pleins pouvoirs qu’il s’est arrogé par des « mesures exceptionnelles » qui prolongent la suspension du Parlement. Elles lui permettent aussi de légiférer par décret, de présider le conseil des ministres et de modifier les lois du pays.

Un haut responsable américain s’était rendu en Tunisie mi-août pour rencontrer M. Saied, qui avait assuré répondre « aux attentes du peuple » et promis qu’il n’y avait « pas lieu de s’inquiéter au sujet de la liberté, de la justice et de la démocratie ».