Russie : Moscou bloque les comités d’experts de l’ONU enquêtant dans plusieurs pays africains

Russie : Moscou bloque les comités d’experts de l’ONU enquêtant dans plusieurs pays africains

En Centrafrique, en République démocratique du Congo, au Soudan du sud… et peut-être bientôt aussi au Mali, des experts des Nations Unies sont au chômage technique depuis plusieurs semaines. Derrière ces blocages répétés, la Russie.

Ces représentants de l’ONU sont en principe chargés de contrôler le respect des embargos sur les armes et peuvent proposer des sanctions contre des personnalités. Mais depuis des semaines, la Russie bloque tout en refusant de valider le noms soumis aux Nations unies pour renouveler les équipes sur le terrain.

À chaque renouvellement d’un comité d’enquête de l’ONU cette année, la Russie avance le même argument : leur composition, une dizaine d’experts en moyenne, est « biaisée » au profit des Occidentaux.

Les Russes reprochent aux experts proposés leur manque de diversité géographique. Certains, même, affirme à l’agence de presse Reuters l’ambassadeur russe adjoint à l’ONU « manquent d’impartialité, de neutralité et d’indépendance. »

Moscou bloque ainsi certains noms, mais veut également davantage de présence russe.

Le 30 juin dernier, un comité d’experts de l’ONU avait rendu un rapport très sévère sur la Centrafrique. Il dénonçait des « violations du droit international humanitaire » par des militaires centrafricains et des instructeurs russes, parmi lesquels des « assassinats aveugles, des occupations d’écoles et des pillages à grande échelle y compris d’organisations humanitaires. » Des accusations que le Kremlin rejette.

Le prochain sommet Russie-Afrique se tiendra en 2022. Près de deux ans après celui de Sotchi, ce rendez vous se tiendra cette fois sur le continent africain.

Limiter les enquêtes sur le groupe Wagner ?

Pour Ashish Pradhan, spécialiste des Nations unies au sein d’International Crisis Group, pour Moscou il s’agit surtout de limiter les expertises indépendantes sur les actions du groupe Wagner sur le continent.

« Je crois qu’il s’agit principalement de faire baisser le niveau d’observation des activités de Wagner. On l’a vu par exemple en Centrafrique : il y a deux rapports sur la situation dans ce pays : un rapport venant de la Minusca, fait par des diplomates onusiens de carrière, et puis il y a le rapport du panel d’experts. Les deux documents vont couvrir les activités de Wagner, des violations des droits humains, mais celui de la Minusca sera moins direct. On saura qu’il s’agit d’un groupe de sécurité privé, on saura tous qu’il s’agit de Wagner, mais le nom n’apparaîtra pas, alors que les experts, eux, l’écriront noir sur blanc. Même chose pour ce rapport l’an dernier sur la Libye, qui a fâché la Russie, et qui détaillait plus de 30 ou 40 incidents dans lesquels le groupe Wagner est impliqué. »