RDC, Mali, Côte d’Ivoire… : ce que coûtent les députés africains

C’est une question presque taboue : quel est le salaire des députés ? Dans de nombreux pays du continent, l’information n’est pas publique. « Jeune Afrique » a mené l’enquête, et les résultats révèlent des disparités parfois abyssales.

Vingt-huit fois plus que le salaire moyen. C’est, en moyenne, la différence entre ce que gagnent les députés africains – sans compter leurs éventuelles primes – et le revenu de leurs administrés. Mais ce chiffre cache de très fortes disparités : celles relatives aux salaires des élus des différents pays, et celles qui existent entre le niveau de vie des députés et celui des populations qu’ils représentent.

Un député nigérian touche plus du double du salaire d’un député européen

Au Maghreb, l’indemnité de base de celles et ceux qui siègent au Parlement avoisine 1 900 dollars par mois ; en Tunisie, cependant, il n’est que de 780 dollars. En Afrique centrale, les élus peuvent gagner jusqu’à 120 fois plus que leurs administrés, comme c’est le cas en RDC. Le record est détenu par les élus nigérians, qui touchent pas moins de 9,3 millions de nairas par mois, plus de 22 000 dollars. C’est plus du double du salaire d’un député européen, qui perçoit 8 995 euros (10 500 dollars, soit 3,5 fois le revenu moyen dans la zone), ce qui représente trois fois plus que le revenu mensuel moyen en France et treize fois plus que celui évalué en Bulgarie.
5 700 dollars par mois

Des chiffres qui sont à mettre en perspective, en outre, avec les primes et allocations dont bénéficient les élus. Qu’il s’agisse d’espèces sonnantes et trébuchantes ou d’avantages en nature, elles peuvent parfois doubler les revenus perçus, voire plus.

Dans le cas du Gabon, par exemple, les primes – fonds de souveraineté, frais de compte-rendu et de transport – font déjà grimper le salaire à environ 5 700 dollars par mois. Et ce, sans compter les frais de session (70 dollars par jour) et les avantages connexes, dont : le passeport diplomatique, le véhicule de fonction, l’accès à l’assurance maladie et à un régime de retraite spécial.