Mauritanie: création d’une Alliance nationale de lutte contre la corruption

Mauritanie: création d’une Alliance nationale de lutte contre la corruption

La Mauritanie s’est dotée de sa première Alliance nationale de lutte contre la corruption. Elle a été créée dimanche soir à l’issue d’un congrès au centre international de Nouakchott et s’est fixé notamment pour mission de faire la lumière sur les fonds publics supposément détournés les dix années de la présidence de Mohamed Ould Abdel Aziz.

L’Alliance, qui entend agir dans le cadre de la société civile, regroupe des intellectuels, professeurs d’universités, avocats et des leaders religieux.

Parmi ses premiers objectifs, contribuer à la récupération des capitaux publics qui auraient été détournés durant les dix dernières années. Cela concerne manifestement la période où la Mauritanie était dirigée par l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz. Assigné à résidence depuis le 11 mai, l’ex-chef de l’État avait été inculpé, le 12 mars, pour corruption, blanchiment d’argent, dilapidation et détournements de biens publics

Les fondateurs de l’alliance entendent se constituer en partie civile dans la perspective de la tenue du procès pour corruption et détournement de l’ancien président mauritanien. Ils tiennent à la restitution au peuple de tous les biens supposés avoir été détournés durant sa gestion des affaires du pays entre 2008 et 2019.

Le président de l’ONG « Publiez ce que vous payez », Maître Mine ould Abdoullah fait partie des membres de la nouvelle alliance anticorruption. « Ce qui est important pour nous, c’est d’apporter notre concours, notre pierre, pour non seulement la récupération des biens mal acquis, mais aussi – surtout – pour que demain cela ne se passe (plus)… »

Les partisans de l’ancien président Aziz dénoncent l’instrumentalisation d’une partie de la société civile, orchestrée par le pouvoir. C’est l’avis du président de l’Observatoire mauritanien des droits de l’homme et de la démocratie. « Ils sont exploités par le gouvernement, afin de montrer en quelque sorte l’implication de la société civile et de justifier qu’il ne s’agit pas d’une crise politique ».

La thèse ne tient pas selon Maître Mine Abdoullah qui proclame une indépendance totale vis-à-vis du pouvoir, tout en réaffirmant la détermination des membres de l’alliance à travailler pour la restitution des biens mal acquis.

Depuis le 12 mars dernier, l’ex-président Aziz et une douzaine de personnalités, dont deux de ses gendres et deux de ses anciens Premiers ministres, ont été inculpés de malversations financières, corruption, dilapidations et détournements de biens publics.