Mali: Gagner la Paix au Mali pour un Sahel stabilisé

Les dernières évolutions de la situation au Tchad n’augurent pas de bons présages quant à l’avenir du Sahel. En effet, la disparition tragique du Président Idriss Deby Itno, le 19 avril 2021, a retenti comme une onde de choc à travers tout le Sahel et particulièrement au Mali.

Il est important de rappeler que le contingent tchadien a atteint 2 400 hommes dès le 13 mars 2013, sous l’égide de la Mission Internationale de Soutien au Mali (MISMA) sous conduite africaine. Par ce geste, le Tchad a, à la fois manifesté son soutien à un pays frère, mais également, étendu son influence dans la zone sahélienne. Avec l’évolution de la MISMA vers la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation du Mali (MINUSMA), les troupes tchadiennes se sont déployées sur tous les fronts, en constituant à chaque fois le fer de lance des dispositifs (MINUSMA, Forces conjointes du G5 Sahel, soutien direct à Barkhane et à la force Takuba). En février dernier, le Président Deby décidait alors d’envoyer 1 200 militaires supplémentaires dans la zone des trois frontières (épicentre du terrorisme dans la zone du G5 Sahel) pour lutter contre les groupes terroristes.

La stabilité du Tchad est une condition indispensable à l’atteinte des résultats sécuritaires dans le Sahel. Il est donc important de favoriser l’entente entre les tchadiens.

Cette situation impose également aux pays les plus durement touchés par l’insécurité dans le Sahel, à commencer par le Mali, de travailler davantage à la construction de forces de défense et de sécurité performantes. Au Mali, le défi est de taille, car l’armée malienne doit recruter, mieux s’organiser et se structurer davantage.

Les populations locales ne comprennent pas le fait que toute l’armada internationale, combinée aux forces locales ne parviennent pas à inverser la douloureuse tendance macabre. Ce sont près de 50 000 militaires, toutes les forces combinées, qui agissent pour la réduction de l’insécurité contre moins de 10 000 insurgés. La supériorité technologique des puissances étrangères engagées dans le Sahel est aussi sujette aux questionnements.

À ce propos, il est très important de souligner l’extrême complexité du théâtre malien en particulier et Sahélien en général. Le Mali est un vaste territoire enclavé, sous peuplé dans les zones rurales. Le pays est une mosaïque de diversité culturelle, dont la cohabitation est régie par des ententes sociales séculaire de bonne intelligence. Par exemple, au pays Dogon dans le centre du Mali, du fait de l’existence de plusieurs dialectes dogons, ceux-ci ont décidé d’utiliser le peulh comme langue vernaculaire permettant ainsi à chacun de se comprendre. La cohabitation avec les nomades peulhs dans cette zone facilitait les échanges. En dehors de quelques échauffourées, il n’y avait pas de problèmes particuliers. La dégradation de la situation sécuritaire ayant provoqué la rupture de confiance entre les communautés a entraîné des affrontements meurtriers de grande échelle entre peulhs et dogons. Soit l’une des pires situations pour le Mali.

La dramatique situation sécuritaire actuelle impose aux acteurs étatiques et institutionnels engagés d’approfondir davantage leurs actions et de favoriser le renforcement du lien de confiance avec la population. La réforme du secteur de la sécurité doit s’orienter vers trois priorités:

La réforme structurelle au sein des forces de défense et de sécurité;
Le renforcement des actions civilo-militaires;
Une meilleure coordination avec les forces partenaires.

Les équipements n’ont de sens que si leur bonne utilisation est assurée. Pour cela il est important de s’assurer d’une bonne structuration qui déterminera un véritable cadre d’emploi des forces. En matière de conseil et de formation, les efforts de nos partenaires européens à travers l’EUTM et l’EUCAP Sahel, doivent être encouragés. Les outils déployés par ces missions permettront, à terme, l’émergence d’experts locaux au sein des forces de défense et de sécurité dont le travail sera de pérenniser les acquis pour un processus durable.