Au Niger, plus de 10 000 déplacés en 48 heures à cause des attaques djihadistes

Au Niger, plus de 10 000 déplacés en 48 heures à cause des attaques djihadistes

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, les personnes viennent d’une zone composée de vingt-quatre villages dans la région de Tillabéri.

Plus de 10 000 personnes ont fui leurs villages en 48 heures dans l’ouest du Niger en raison d’attaques djihadistes répétées, ont indiqué lundi 17 mai les Nations unies et les autorités locales.

« Onze mille personnes [soit 1 624 ménages] ont trouvé refuge entre le 14 et le 15 mai dans la ville de Tillabéri [capitale régionale], dans la localité de Namari Gougou et la commune rurale de Sarkoira », selon un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) à Niamey transmis à l’AFP. « Les déplacements se poursuivent » et des « déplacés se dirigent [même] vers Niamey », mais leur nombre n’est pas encore déterminé, s’alarme l’Ocha.

Un responsable municipal de la zone de l’Anzourou, ciblée par les exactions djihadistes, a confirmé à l’AFP que « plus de 10 000 villageois ont déjà fui la zone en deux jours », et a alerté que « plusieurs autres villages sont en train de se vider ». Des élus locaux et des habitants avaient déjà signalé samedi à l’AFP cet exode.

Selon l’agence onusienne, les habitants déplacés viennent des villages de Zibane-Koira Zéno, Zibane Koira-Tégui, Kofouno et Gadabo, situés dans l’Anzourou, une zone composée de vingt-quatre villages, qui fait partie de l’immense et instable région de Tillabéri (100 000 km2). En mai, vingt personnes ont été massacrées dans ces villages, après une précédente tuerie de treize personnes en mars.
« Assassinats, viols, extorsions de biens »

La région de Tillabéri située dans la zone dite « des trois frontières » entre Niger, Mali et Burkina Faso, est régulièrement frappée par les groupes djihadistes affiliés à Al-Qaida ou à l’Etat islamique.

Ce « déplacement massif » de population a été déclenché par « les attaques récurrentes » contre les civils, selon l’Ocha, citant « assassinats, viols, extorsions de biens et vols de bétail », perpétrés par « les éléments présumés de groupes armés non étatiques, opérant le long de la frontière avec le Mali ».

« La soirée du 14 mai, des hommes armés sont venus dans certains de ces villages. Après avoir emporté tout le bétail, ils ont lancé aux habitants un ultimatum de trois jours pour dégager », a témoigné un élu local auprès de l’AFP. Les habitants qui « n’ont pas de moyens d’atteindre des grandes villes » se sont installés dans des endroits déserts tout au long de la route nationale numéro 1.

« Nous avons marché plusieurs kilomètres à pied, sans eau ni nourriture, et des femmes ont même accouché sur la route », a raconté une déplacée contactée au téléphone par l’AFP.

Les déplacés, majoritairement des enfants, des vieillards et des femmes qui sont arrivés dans la ville de Tillabéri, sont hébergés dans l’arène de lutte traditionnelle, selon des images diffusées sur les télévisions locales.

Les autorités et une ONG leur ont distribué des vivres et des kits de lutte contre le Covid-19, mais ils ont encore besoin de latrines, d’eau, de vivres, d’abris, de couvertures, d’habits et de médicaments, relève l’Ocha.

« Nous avons une région très immense et la porosité des frontières [avec le Mali et le Burkina Faso] ne nous permet pas de sécuriser tous les villages. Cependant, des patrouilles militaires sillonnent la zone pour sécuriser les personnes et leurs biens », a affirmé à la presse le gouverneur de Tillabéri, Tidjani Ibrahim Katiella.

Selon l’ONU, au 31 janvier, les violences avaient déjà contraint 100 000 personnes à fuir leurs villages dans la région de Tillabéri. Plus de 300 écoles, totalisant 22 000 élèves, sont fermées et 30 000 personnes sont privées de soins en raison de la fermeture de centres sanitaires.