En visite au Nigeria, Franck Riester promeut un partenariat « global » entre la France et le géant africain

En visite au Nigeria, Franck Riester promeut un partenariat « global » entre la France et le géant africain

Le ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l’attractivité a notamment rencontré la ministre des finances, les gouverneurs locaux et des hommes d’affaires.

Mardi 13 et mercredi 14 avril, c’est au pas de course que Franck Riester, le ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l’attractivité, est venu pousser le projet de la France – esquissé par Emmanuel Macron – de faire du Nigeria l’un de ses partenaires privilégiés sur le continent. Le président nigérian, Muhammadu Buhari, fait partie de la petite dizaine de chefs d’Etat africains invités à participer au sommet sur le financement des économies africaines qui se tiendra à Paris le 18 mai, à l’initiative du président français.

En préparation de cette visite, M. Riester s’est rendu dans la capitale fédérale, Abuja, où il a rencontré Zainab Shamsuna Ahmed, ministre des finances, Otunba Niyi Adebayo, ministre de l’industrie, du commerce et de l’investissement ainsi que les gouverneurs locaux – preuve que la France ne s’intéresse pas qu’aux grandes villes. Peuplé de plus de 200 millions d’habitants, le Nigeria est le premier partenaire commercial de la France en Afrique subsaharienne et le quatrième à l’échelle du continent (derrière les pays du Maghreb).

Avant que la crise liée à la pandémie de Covid-19 ne vienne grever l’économie mondiale, les échanges franco-nigérians s’élevaient chaque année à 4,5 milliards de dollars en moyenne (environ 3,8 milliards d’euros). Ils ont chuté à 2,3 milliards de dollars en 2020, selon le ministre français, qui se veut « très optimiste pour 2021 et 2022 ». Le pétrole reste bien sûr au cœur de ces échanges – il est largement en tête des importations françaises depuis le Nigeria –, mais Paris prône désormais « une approche globale » pour « renforcer la présence et l’influence » de la France au Nigeria et en Afrique.
Un projet de raffinerie

Une partie de la visite du ministre a ainsi été consacrée au lancement de la deuxième phase du projet associant la compagnie française Axens et le groupe nigérian BUA pour la construction d’une raffinerie dans le sud-est du pays. M. Riester, qui avait déjà accompagné la signature de ce contrat début septembre en France, a rencontré à Lagos le patron de BUA, Abdul Samad Rabiu. L’homme d’affaires a indiqué que ce projet de plusieurs millions de dollars pourrait être mené à bien d’ici « trois ou quatre ans ».

La future raffinerie sera implantée dans l’Etat d’Akwa Ibom et aura une capacité de production de 200 000 barils par jour. Une goutte d’eau face aux besoins du Nigeria, dont les quelques raffineries publiques sont vieillissantes et mal entretenues. Actuellement, le premier producteur de brut africain est forcé d’importer chaque année plus de 90 % de son essence.

Mais la donne est sur le point de changer avec l’ouverture prochaine d’une immense raffinerie construite aux portes de Lagos par Dangote Group, du multimilliardaire nigérian Aliko Dangote. Ce chantier faramineux, implanté sur la péninsule de Lekki, devrait permettre au groupe de produire à terme plus de 600 000 barils de pétrole raffiné chaque jour. Avec en perspective la création d’un nouveau marché, déjà facilité par la suppression partielle des subventions publiques sur les importations de produits raffinés actée par la présidence au en septembre.

La concurrence farouche qui oppose les deux grands groupes nigérians n’a pas empêché le ministre français de rendre visite à M. Dangote juste après sa rencontre avec M. Rabiu. Les deux hommes d’affaires sont membres fondateurs du club des investisseurs franco-nigérians lancé par M. Macron lors de sa visite au Nigeria, en juillet 2018. L’homme le plus riche d’Afrique a estimé que « la France est un partenaire important » et que « les entreprises françaises doivent reprendre la place qu’elles occupaient auparavant » sur le continent. Ces vingt dernières années, la part de marché de la France a en effet été divisée par deux en Afrique.
Automobile et aéronautique

En 2018, le groupe Dangote a signé un partenariat chiffré à plus de 7,5 millions d’euros avec le constructeur automobile PSA pour la réouverture d’une usine d’assemblage à Kaduna. Celle-ci devrait commencer ses opérations « en juin-juillet », selon M. Dangote, qui a également assisté mardi à la signature de l’acceptation du simulateur de vol d’hélicoptère Reality H de Thales, installé dans le tout nouveau centre d’entraînement de la compagnie aéronautique nigériane Caverton, à proximité de l’aéroport de Lagos.

Au-delà des secteurs économiques classiques, M. Riester veut croire que « tout se joue aussi sur la recherche, l’innovation, la culture et les arts ». Le ministre insiste sur l’importance de l’industrie cinématographique nigériane, Nollywood, la deuxième plus importante au monde après Bollywood, en Inde. Le secteur culturel, qui a contribué à 5 % du PIB du Nigeria entre 2014 et 2018, est l’un des plus dynamiques du pays et les possibilités de partenariat sont multiples. A Lagos, la France soutient par exemple une plateforme de formation à l’écriture de scénario de séries développée par la start-up française Lafaaac, en collaboration avec le groupe média nigérian Wazobia et l’Ecole nationale supérieure des métiers de l’image et du son (la Fémis, à Paris).

Pour « retrouver une présence française forte en Afrique », le ministre dit aussi « miser sur la société civile et la jeunesse africaine – artistes, étudiants, chercheurs, universitaires, entrepreneurs », qui seront invités à échanger avec leurs homologues français lors du sommet Afrique-France qui se tiendra à Montpellier en juillet.