Mali-France: Florence Parly à Bamako après le rapport de l’ONU sur la frappe de Bounti

Mali-France: Florence Parly à Bamako après le rapport de l’ONU sur la frappe de Bounti

Pour l’ONU, ce sont essentiellement des civils qui ont été tués le 3 janvier dernier dans la frappe de Barkhane près de Bounti. Le porte-parole d’Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, fait part de ses préoccupations sur le respect du principe de précaution. À Paris, le ministère de la Défense et l’armée maintiennent que Barkhane a frappé des terroristes.

La ministre française des Armées arrive au Mali dans le cadre du renforcement de la lutte contre le terrorisme. Elle est accompagnée de ses homologues estonien et tchèque, dont les pays sont comme la France membre de La force Takuba qui regroupe également des militaires suédois. Un détachement italien est sur le point d’intégrer le groupe.

Ces unités de forces spéciales européennes au Sahel ont déjà mené dans le nord du Mali une vingtaine d’opérations, notamment avec les troupes maliennes. Les trois ministres effectueront d’ailleurs une visite de terrain pour encourager leurs troupes.

Des troupes dont la mission est également d’appuyer le déploiement des services de base et des services public de l’Etat dans les zones les plus isolés, pour rapprocher l’administration des administrés. Mais la délégation rencontrera ici à Bamako des responsables de l’Etat : le président malien de la transition, son vice-président le colonel Assimi Goïta et le ministre de la Défense.

Le dernier rapport de l’ONU sur la frappe française dans le village malien de Bounti sera-t-il évoqué ? Car au Mali, la polémique se poursuit suite à la publication du rapport des Nations unies affirmant que les frappes de l’armée française ont visé un mariage et qu’au moins 19 civils ont été tués. La force Barkhane maintient sa version initiale, et affirme que la frappe a bien visé un groupe jihadiste sur la base de renseignements solides.

Sur ce point, Paris et Bamako sont plutôt sur la même longueur d’onde. Peu après l’intervention de Barkhane, dans ce village malien de Bounti, un communiqué de l’armée malienne appuyait la thèse française. Ce sont bien des jihadistes qui ont été visés. La ministre française défendra donc ici cette version des faits.

Nous avons un rapport de l'ONU, auquel nous avons d'ailleurs contribué, qui n'avance aucune preuve, que des témoignages. Des témoignages dont on ne connait pas l'origine et dont on ne connait pas les conditions dans lesquelles ils ont été recueillis, en particulier si les personnes qui ont témoigné ont une allégeance à des groupes terroristes ou des puissances étrangères.

Hervé Grandjean, porte-parole du ministère des Armées sur la frappe de Bounty

Franck Alexandre

Mais le rapport de la division des droits de l’homme de l’ONU dit autre chose. La frappe a visé une centaine de civils, qui participaient à une cérémonie de célébration d’un mariage, dix-neuf civils ont été tués, selon le même rapport, qui ajoute, cependant : 5 présumés jihadistes armés étaient également présents sur les lieux, dont trois ont été tués.

Le rapport de la Minusma est sans ambigüité. Il n'y a pas de doute sur le fait qu'il y ait eu une bavure à Bounty. La Minusma déclare même qu'il s'agit d'une violation du droit international humanitaire parce que les principes de distinction, de nécessité et de proportion n'ont pas été respectés par l'armée française.

Ousmane Diallo, chercheur pour Amnesty International, sur la frappe française à Bounty

Sonia Rolley

Bien que prévue de longue date, la visite de la ministre française des Armées intervient donc dans un contexte particulièrement tendu, et qui relance forcément cette question lancinante : que pensent les Maliens de la présence de l’armée française sur leur sol ?

Que pensent les Maliens de la présence de l’armée française sur leur sol ?

David Baché

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