Négocier avec les djihadistes ? Au Burkina Faso, une option de moins en moins taboue

Malgré la fermeté affichée par les autorités face aux terroristes, les signes d’une inflexion se multiplient. Des sources évoquent même des « accords » passés localement.

Une lueur d’espoir, après des mois d’asphyxie. « On peut enfin souffler, la vie a repris à Djibo », murmure un habitant de la grande ville du nord du Burkina Faso, rencontré à la gare routière du quartier Larlé de Ouagadougou. Après plus d’un an de suspension, plusieurs compagnies de bus ont repris, en octobre, leur liaison avec cette cité située à 200 km de la capitale. Les camions de marchandises et de vivres circulent de nouveau sur « l’axe de la mort », comme les Burkinabés surnomment cette route sur laquelle le maire et le grand imam de Djibo ont été exécutés en 2019 et 2020.

Il y a encore quelques mois, la ville était sous blocus. Des groupes armés contrôlaient les pièces d’identité et tuaient les notables. Désormais, « ils sont partis, il n’y a plus d’attaques, c’est redevenu calme », assure un pasteur qui guette l’arrivée du bus et rapporte avoir failli être lui-même tué par des « terroristes » en juin dernier.

Que s’est-il passé à Djibo, « ville martyre » devenue le symbole du basculement du pays dans la spirale djihadiste ? « Accords », « négociations »… Depuis des mois, les rumeurs vont bon train. « Ça a pris tout le monde de court. Du jour au lendemain, on a vu des anciens combattants aller et venir, sans armes, dans la ville.