Des milliers de manifestants à Tunis contre les violences policières

Environ 2 000 manifestants se sont rassemblés samedi à Tunis, sous l’encadrement d’un fort dispositif policier, pour dénoncer une politique sécuritaire répressive ainsi que des atteintes aux libertés de protestataires antisystème mobilisés ces dernières semaines.

Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés, samedi 6 février à Tunis, malgré le déploiement de policiers anti-émeutes pour bloquer l’accès au centre de la capitale. Ils dénonçaient les violences policières et rendaient hommage au militant laïque Chokri Belaïd au huitième anniversaire de son assassinat.

Soutenu par le puissant syndicat UGTT, ce rassemblement est le plus important depuis des années en Tunisie, où une partie de la population craint une remise en cause des acquis de la “révolution de jasmin” de janvier 2011, déclencheur du “printemps arabe”.

“J’ai vécu 10 ans de liberté (…) je ne suis pas prêt à la perdre”, a dit Haytem Ouslati, un manifestant de 24 ans, au milieu d’une foule scandant son refus de la peur et proclamant que “la rue appartient au peuple”.

Pour la première fois depuis plusieurs semaines et le réveil de la contestation face à la persistance des difficultés économiques et de la paralysie politique, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), forte de plusieurs centaines de milliers d’adhérents, a apporté son soutien à cette manifestation.

“Aujourd’hui est un cri d’alarme pour défendre la révolution, pour protéger les libertés menacées”, a dit Samir Cheffi, secrétaire général adjoint du syndicat.

“Protéger les libertés”

Parties de régions défavorisées, les récentes manifestations, parfois émaillées d’affrontements et d’émeutes, visaient à l’origine à dénoncer les inégalités mais elles portent de plus en plus sur les arrestations et les soupçons de maltraitance des personnes interpellées, rejetés par le ministère de l’Intérieur.

“Nous n’accepterons pas que la Tunisie devienne une caserne. Nous demandons au président d’intervenir et de protéger les libertés”, a dit une manifestante, Naima Selmi.

Les manifestants s’en sont pris en particulier au parti islamiste modéré Ennahda, pilier des coalitions successives depuis le renversement de Zine ben Ali en 2011, reprenant le slogan scandé 10 ans plus tôt: “Le peuple veut la chute du régime”.

L’assassinat de Chokri Belaïd le 6 février 2013, attribué à un cellule islamiste radicale, avait déclenché une crise politique et entraîné de vastes manifestations au cours desquelles Ennahda avait déjà été pris pour cible.