Éthiopie : l’ONU réclame des mesures urgentes pour atténuer les souffrances des populations au Tigré

Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, s’est dit « sérieusement préoccupé » par la situation humanitaire dans la région éthiopienne du Tigré, qui nécessite selon lui des « mesures urgentes ».

Il faut « continuer à prendre des mesures urgentes pour atténuer les conséquences humanitaires » de la crise « et étendre les protections nécessaires aux personnes en danger », a dit le porte-parole du chef de l’ONU dans une déclaration publiée mardi soir.

M. Guterres estime également que le partenariat entre le gouvernement éthiopien et l’ONU est indispensable pour alléger les souffrances des populations civiles.

Lundi, l’ONU s’était inquiétée des « contraintes d’accès dues au conflit en cours et à la bureaucratie administrative », qui continuent « d’entraver » l’intensification de l’aide humanitaire. L’accès aux services essentiels, aux moyens de subsistance et à l’argent liquide reste limité dans une grande partie de la région du Tigré.

Deux camps de réfugiés demeurent inaccessibles depuis le mois de novembre, la faim augmente et le système de santé se serait effondré. Selon l’ONU, l’accès est particulièrement limité dans les zones rurales, où 80% de la population du Tigré vivait avant le début du conflit.

Par ailleurs, le chef de l’ONU s’est félicité de l’engagement jugé positif qui a été réservé par le gouvernement aux récentes visites en Ethiopie du Sous-Secrétaire général de l’ONU à la sécurité Gilles Michaud ; du Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM) David Beasley ; et du Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés Filippo Grandi.

Des engagements ont été pris conformément à l’appel du Secrétaire général au gouvernement pour un accès humanitaire durable, impartial et sans entrave aux zones touchées dans la région du Tigré ainsi qu’aux personnes déplacées et aux camps de réfugiés.

Au terme de cette mission, Filippo Grandi a décrit la situation au Tigré comme étant « extrêmement grave ». « Les gens ont besoin de toutes les formes d’aide possibles : denrées alimentaires, produits non alimentaires, médicaments, eau potable, abris », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Addis-Abeba lundi, avant de quitter le pays.
« L’accès est fondamental » – Filippo Grandi

« La fermeture du système bancaire et du système de télécommunication a aggravé les difficultés de milliers de personnes », a ajouté M. Grandi.

Le chef de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR) est également revenu sur les « discussions franches » tenues avec le gouvernement. « L’accès est fondamental pour que l’ONU et les organismes humanitaires puissent évaluer la situation et atteindre les personnes dans le besoin », a-t-il plaidé.

Au cours de sa mission, M. Grandi s’est rendu dans le sud du Tigré et a rencontré des réfugiés au camp de réfugiés de Mai Aini, l’un des quatre camps accueillant des réfugiés érythréens. Les personnes avec lesquelles il s’est entretenu ont fait état de problèmes « très préoccupants », a-t-il affirmé.

« Elles ont rapporté qu’elles avaient été coupées du soutien et de l’aide pendant plusieurs semaines », a-t-il dit, relevant que « certaines d’entre elles (leur) ont dit et ont dit (au Ministre éthiopien de la paix) qu’elles avaient dû manger des feuilles parce qu’il n’y avait pas d’autres vivres ».

Dans ce contexte, il a été également rapporté que « certains réfugiés ont choisi de retourner en Erythrée en raison de l’insécurité qui règne au Tigré ».