Tension.À la frontière entre le Soudan et l’Éthiopie, la crainte de l’embrasement

Alors que les forces gouvernementales éthiopiennes sont occupées à traquer les anciens leaders de la région du Tigré, le Soudan a repris une bande de territoire disputée entre les deux pays. Une nouvelle zone de fortes tensions est apparue dans la région, faisant craindre un nouveau conflit.

C’est une bande de terre fertile au statut ambigu depuis plus d’un siècle. À la frontière entre le Soudan et l’Éthiopie, le triangle d’Al-Fashaga est revendiqué par le Soudan en vertu de traités établis sous la colonisation britannique, mais la ligne de démarcation entre les deux pays n’a jamais été clairement définie, et la zone est cultivée par des agriculteurs éthiopiens sous la protection de milices depuis plus de vingt ans.

“Ce problème a été mis de côté pendant un certain temps et, bien qu’il y ait eu une activité agricole éthiopienne dans cette zone, il semblait y avoir une entente sur le fait que cela ne signifiait pas qu’il s’agissait de terres éthiopiennes”, précise William Davison, analyste spécialiste de l’Éthiopie pour l’International Crisis Group, interrogé par la Deutsche Welle.
Territoire disputé

La situation a changé depuis le lancement d’une opération militaire éthiopienne contre la région dissidente du Tigré, début novembre 2020. L’ambassadeur éthiopien à Khartoum, cité par Voice of America, accuse l’armée soudanaise d’avoir pénétré sur “le territoire éthiopien” et d’avoir “pillé des propriétés, incendié des camps, arrêté, attaqué, tué des Éthiopiens et fait des milliers de déplacés” dès les premiers jours du conflit entre le gouvernement fédéral éthiopien et les forces du Tigré dans le nord du pays.

Le Soudan, lui, assure depuis peu avoir déployé 6 000 hommes à la frontière au début du conflit dans le nord de l’Éthiopie avec l’aval du Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, afin de prévenir l’infiltration de combattants du Front populaire de libération du Tigré, opposé aux troupes fédérales éthiopiennes. Une affirmation démentie par l’Éthiopie, rapporte le Sudan Tribune.

Mi-décembre, la tension monte d’un cran alors que le Soudan accuse une milice éthiopienne de s’être attaquée à ses troupes, tuant plusieurs soldats, rappelle l’hebdomadaire éthiopien The Reporter. Le lendemain, le Premier ministre Abiy Ahmed appelle au calme sur Twitter, estimant que “de tels incidents ne briseront pas le