Algérie : Amar Ghoul inquiété dans l’affaire de l’autoroute Est-Ouest

Cette affaire hors normes qui dure depuis plus de dix ans pourrait connaître son épilogue prochainement, avec la convocation à la barre de l’ancien ministre des Travaux publics.

Le marché de l’autoroute Est-Ouest attribué en 2006 au groupe chinois Citic-Crcc et au consortium japonais pour un montant initial de 11,2 milliards de dollars a finalement été chiffré, après plusieurs réévaluations, à 13 milliards de dollars. La construction n’a toujours pas abouti, plusieurs années après le lancement du projet. Des soupçons sur le versement de commissions pendant la réalisation du projet ont incité le DRS à mener l’enquête à partir de 2009, laquelle a abouti à la condamnation en 2015 de plusieurs intermédiaires et responsables algériens. Le procès en appel de l’autoroute Est-Ouest est programmé le 21 janvier à la Cour d’Alger.

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis cette réplique du magistrat Tayeb Hillali au collectif d’avocats qui réclamait en 2015 la convocation de l’ex-ministre des Travaux publics Amar Ghoul à la barre : « Le petit juge que je suis ne peut pas faire venir un ministre. » L’instruction ouverte en 2009, puis la Cour criminelle en 2015, n’ont en effet pas exploré les nombreuses pistes ouvertes par les accusés de second plan — qui travaillaient notamment au ministère des Travaux publics et au sein des consortiums étrangers — sur l’implication d’Amar Ghoul en tant que ministre des Travaux publics de 2002 à 2013.

Alors au sommet de sa puissance, l’ancien ministre a été épargné par les poursuites judiciaires et interrogé par le juge d’instruction uniquement par écrit en 2009 en tant que témoin. Dans ses réponses aux dix-sept questions du magistrat, Amar Ghoul a nié en bloc sa responsabilité dans les irrégularités qui ont entaché l’attribution et la réalisation du tronçon routier.
« Détournement de fonds et dilapidation de biens publics »

Depuis, le vent a tourné. Dans le contexte des manifestations populaires enclenchées le 22 février 2019, l’ex-président du parti islamiste TAJ, soutien indéfectible de l’ex-chef d’État Abdelalziz Bouteflika, a été arrêté en juillet de la même année, dans le cadre des affaires de corruption liées aux hommes d’affaires Ali Haddad et Mahieddine Tahkout, et condamné à un total de 13 ans d’emprisonnement.