Ethiopie: défis et difficultés de la nouvelle administration provisoire du Tigré

Couac au sein du gouvernement éthiopien au Tigré. Le maire de la capitale provinciale Mekele a confirmé que les troupes érythréennes étaient bel et bien engagées au Tigré pour se battre aux cotés de l’armée éthiopienne. Sauf que le maire de Mekele n’était pas censé révéler cette information démentie depuis des semaines par Asmara et Addis Abeba. Un accroc qui montre les problèmes que rencontrent le nouvelle administration provisoire, nommée par le Premier ministre il y a deux mois et qui peine encore à s’affirmer.

Comme pressenti, le gouvernement éthiopien n’a pas gouté à la sortie du nouveau maire de Mekele à propos de la présence de troupes érythréennes. Le président par intérim du Tigré Mulu Nega promet des mesures correctives à son encontre, précisant qu’il n’était pas habilité à parler de ces sujets devant la presse.

Ce quiproquo n’est pas anodin. Il montre la confusion qui règne entre les nouveaux dirigeants de la province. Ils ont été propulsés à la tête d’une administration provisoire créée par le Premier ministre Abiy Ahmed au début du conflit en novembre.

Nommés pour remplacer les dirigeants du TPLF, parviendront-ils à rallier le soutien de la population locale ? Il est encore trop tôt pour le dire mais cela paraît difficile. Pour rappel, les Tigréens avaient voté à 98% en faveur du TPLF lors des dernières élections.

Mais ce n’est pas tout. Les leaders par intérim doivent aussi faire face à l’hostilité d’une administration parallèle au Tigré, dominée par les milices Amharas, dans les parties ouest et sud de la province. Des territoires que les Amharas revendiquent depuis des décennies et qu’ils ont conquis militairement en novembre. Certains de leurs dirigeants assurent qu’en aucun cas ces deux territoires ne reviendront au Tigré.

Et alors que l’Éthiopie a annoncé la tenue des élections générales en juin de cette année, le Tigré sera la seule province où le scrutin n’aura pas lieu.